Longue narration de phrases interminables livrées d'une traite, sans découpage en chapitres, ce roman argentin est aussi embrouillé et loufoque que son protagoniste.

Histoire des cheveux exige en outre de son lecteur un intérêt marqué pour la coiffure, tant le récit n'y est qu'un prétexte aux réflexions obsessionnelles du narrateur sur ses cheveux.

Anecdotique? Pas tant que cela. Car pour lui, les cheveux ne sont rien de moins qu'une métaphore de la condition humaine. Ce cheveu, qui pousse inéluctablement, est signe du Temps qu'il faut essayer de maîtriser. Mais comment?

La tête renversée dans le lavabo de la shampouineuse, le narrateur se laisse aller à ses angoisses existentielles. Et si le coiffeur allait lui rater sa coupe? Ou pire: s'il la réussissait? Comment ferait-il, alors, pour faire durer cette perfection? Ne plus jamais se couper les cheveux ou se raser le crâne?

À la recherche d'une solution définitive, il se sait pourtant condamné à toujours devoir se questionner, à cause de cette coiffure qui, telle la vie, forcément instable, change sans cesse de forme et ne lui laisse aucun répit.

Parce que chaque coupe est déjà le signe d'un parti pris sur le monde, comment ne pas être obsédé par ses cheveux quand on est un être à l'identité mouvante, incapable de prendre une décision qui engagerait dans une voie et forcerait à renoncer à toutes les autres vies possibles?

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Histoire des cheveux. Alan Pauls. Éditions Christian Bourgois, 220 pages.