Le narrateur de Demain j'aurai vingt ans est deux fois plus jeune que ce qu'il annonce pour «demain» dans le titre du nouveau roman d'Alain Mabanckou.

Dans ce livre qu'il dédie à Dany Laferrière, l'auteur de Verre cassé et de Mémoires de porc-épic se glisse en effet dans la tête d'un gamin grandissant dans les années 70 à Pointe-Noire, au coeur d'un Congo alors communiste.

Un gamin qui pourrait être lui. Sauf qu'il s'appelle Michel. Et Michel raconte la chute du shah d'Iran, la mort de Mesrine. Il commente les idées de Simone Veil sur l'avortement et les faits et gestes d'Idi Amin Dada. Il découvre Rimbaud, Brassens et San Antonio. Il fait aussi ses premiers pas dans les dédales de l'amour.

Et puis, il y a la famille. Maman Pauline et papa Michel, qui a une autre femme, d'autres enfants. L'oncle René, riche et communiste, etc.

Le résultat, s'il s'étire un peu en fin de parcours, est un doux bonheur de lecture. Une chronique familiale pleine de chaleur et de verve. La voix de Michel est juste. Ses remarques, (im)pertinentes à souhait. Alain Mabanckou n'a pas oublié cette manière de voir, de vivre. De grandir.

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Demain j'aurai vingt ans. Alain Mabanckou. Gallimard, 381 pages.