À quel point l'interprétation de nos souvenirs d'enfance a une influence sur le reste de notre vie? C'est la question que pose Lucie Ledoux dans son premier roman.

Avec Un roman grec, elle paraphrase le Roman russe d'Emmanuel Carrère en racontant l'histoire de sa famille «pure laine» vivant dans le Parc-Extension des années 60 et 70. Déjà multiethnique, le quartier montréalais était, à cette époque, le point de chute de la communauté grecque.

Si l'auteure nous dresse un portrait de l'endroit, de sa situation géographique, ses gens, ses odeurs et ses particularités, Un roman grec est avant tout un retour sur les événements dramatiques vécus par la famille Labonté.

La longue maladie de la mère, sa mort, la déchéance du père, vues à travers les yeux de Lucie, enfant renfermée et hypersensible, prennent une aura de mystère et sont source d'angoisse.

Comme d'autres avant elle, Lucie Ledoux se sert de son histoire personnelle pour parler de l'enfance, des perceptions et du silence qui, plus que tout, fait mal.

Le roman prend d'ailleurs véritablement son envol dans sa deuxième partie, alors que l'état de santé de la mère se dégrade et que la petite Lucie essaie de décoder ce qu'elle voit et perçoit.

Les émotions prennent alors le pas sur l'analyse et l'auteure n'a pas peur d'y plonger, sa douleur devenant universelle.

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* * 1/2

Un roman grec. Lucie Ledoux. Tryptique, 106 pages.