Ils sont trop rares, les satiristes politiques comme Christopher Buckley. Fils de l'essayiste et journaliste conservateur William F. Buckley Jr, il a rédigé des discours pour George Bush père, alors vice-président. C'était avant de tourner le dos à la tradition familiale en appuyant Obama et devenant, entre autres, chroniqueur au New York Times.

Il y a quelques années, il s'est attaqué au lobby du tabac avec Thank you for Smoking, adapté au cinéma. Dans Divine justice, il explore les coulisses de la Maison-Blanche, du Congrès et de la Cour suprême.

Écoeuré de voir chacun de ses éminents candidats à la Cour suprême rejeté pour des raisons délirantes par la Commission judiciaire du Sénat, présidé par un sénateur rival, le très impopulaire président des États-Unis Donald Vanderdamp a la curieuse idée de proposer la candidature de Pepper Cartwright, juge d'une très populaire émission de téléréalité.

Une belle Texane appréciée pour son franc-parler et dont le placard débordent de squelettes: avant de faire fortune comme prédicateur, son père policier avait guidé bien candidement le tueur Jack Ruby vers Lee Harvey Oswald, l'assassin de Kennedy...

C'est le point de départ d'une suite de rebondissements loufoques mais à peine plus absurdes que l'actualité. Comme les patrons de télé surveillent les audiences, les politiciens gouvernent à coups de sondages. Les intérêts personnels priment.

On ne distingue plus où commence la (télé) réalité et où s'arrête la fiction. Faut-il s'en étonner dans une société hypermédiatisée dominée par l'industrie du divertissement? Si elle s'essouffle par moments et frise le grotesque, la caricature reste drôle et bien grinçante.

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Divine justice. Christopher Buckley. BakerStreet (Hachette) 344 pages, 39,95 $.