Michael Crichton est mort à l'âge de 66 ans, mardi, au moment précis où le monde entier avait les yeux tournés vers sa ville natale, Chicago, où s'ouvrait littéralement une ère nouvelle. Crichton était un écrivain populaire: il a vendu plus de 100 millions d'exemplaires de ses romans, écrits sur une période de 40 ans, traduits en 30 langues et parmi lesquels on trouve une dizaine de best-sellers. Il a aussi écrit pour la télé, produit et réalisé des films.

Pensez au Parc jurassique: c'est lui.

Il se voyait probablement comme un homme de science. Non pas que la recherche ou la pratique scientifiques aient été ses principales activités, même s'il était médecin. Mais au sens où sa seule foi était placée dans le savoir avéré, rigoureux et démontrable.

 

C'est certainement une «religion» qui gagnerait à être davantage pratiquée...

En fait, la quasi-totalité de l'oeuvre romanesque de Crichton est une exploration (parfois presque savante, au risque de donner le tournis à ses lecteurs!) des différentes facettes de la science telle qu'elle existe et telle qu'elle se développera dans le futur. Il n'a peut-être pas inventé le techno-thriller. Mais il a certainement poussé le genre à son extrême limite, tant par la densité du contenu technologique et scientifique de ses romans que par l'efficacité de leurs intrigues.

Par exemple, son premier véritable best-seller, La Variété Andromède, traite de l'irruption de micro-organismes mortels pour l'Homme et en apprend certainement beaucoup sur la médecine et la biologie. Congo (1980) aborde la zoologie et la génétique. Le Parc Jurassique (1990) traite de génétique lui aussi et de la théorie du chaos - le film, qui obtint le succès que l'on sait, ne rend absolument pas justice à cette facette de l'oeuvre. Turbulences (1996) est un voyage dans le monde de la technologie de l'aéronautique et dénonce la... déréglementation! Harcèlement (1993) introduit la réalité virtuelle avant que ce concept ne soit aussi familier qu'il ne l'est aujourd'hui.

Ce dernier bouquin (qui jette en outre un regard inusité sur le harcèlement sexuel) ainsi qu'État d'urgence (2005) révèlent un autre Michael Crichton: le Crichton polémiste.

État d'urgence est en effet une attaque dirigée contre la foi écologiste, en ce que Crichton estime que tout l'édifice de la causalité humaine du réchauffement de la planète est bâti sur des preuves bancales.

Bien entendu, il se fit des ennemis mortels avec ce roman...