L'organisme Les Impatients, qui offre des ateliers de création à des personnes atteintes de problèmes de santé mentale, vient de lancer un petit ouvrage collectif dans lequel on retrouve une quinzaine de témoignages écrits par de fidèles collaborateurs.

Un art à la marge s'ouvre sur un texte de Lorraine Palardy, qui a fondé l'organisme il y a 27 ans, après avoir organisé un atelier d'art-thérapie à l'hôpital Louis-H. Lafontaine. «Après la fermeture de cet atelier improvisé, les patients attendaient dans le corridor que l'atelier reprenne...», écrit cette ex-propriétaire d'une galerie d'art, qui a d'abord poursuivi ses ateliers d'art-thérapie dans son sous-sol.

C'est grâce à elle et à son fils Frédéric Patry, qui dirige aujourd'hui l'organisme, que Les Impatients dispose d'une galerie d'art - au quatrième étage de la Chapelle historique du Bon-Pasteur - où leurs oeuvres sont régulièrement exposées.

Le petit ouvrage est dirigé par Ellen Corin, avec la collaboration de Louise Blais, politologue qui a fait de nombreuses recherches sur les politiques et pratiques en santé mentale. Elles ont toutes deux mené un projet de recherche sur les archives des Impatients en 2012 et signent des textes. «La collection permanente des Impatients compte plus de 20 000 oeuvres», nous dit Louise Blais, qui s'attarde dans Un art à la marge aux oeuvres de Dinh Duong Nguyen, auteur à lui seul de centaines de toiles.

«Tous les projets des Impatients visent à ce que l'on reconnaisse l'art des Impatients comme de l'art tout court et non comme l'oeuvre de gens malades», explique Louise Blais, codirectrice du livre Les Impatients - Un art à la marge.

Parmi les autres auteurs du collectif, on retrouve le médecin psychiatre Emmanuel Stip, l'art-thérapeute Mélissa Sokoloff, l'artiste collectionneur Pierre Bellemare ou encore le conservateur du Musée d'art de Joliette Jean-François Bélisle. Les artistes des Impatients signent également des témoignages, souvent émouvants.

«Même le dessin qui est pas beau, y veut quand même dire quelque chose, écrit Jeanne. Quand on dessine, au début, on dessine juste des affaires qui nous font mal, qui nous troublent ou qu'on garde en dedans, qu'on ne dit à personne. Pis après ça, on commence à dessiner, pis là, oups, on s'en aperçoit même pas et on prend du bleu, du vert, pis là, ça donne une autre dimension, c'est plus juste blanc et noir. En dessinant, on nuance, on dédramatise...»

Le lancement officiel d'Un art à la marge aura lieu le 8 mai. Une nouvelle exposition sera inaugurée pour l'occasion.

Les Impatients - Un art à la marge. Sous la direction d'Ellen Corin et de Louise Blais. Éditions Somme toute, 183 pages.

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS SOMME TOUTE

Les Impatients - Un art à la marge, sous la direction d'Ellen Corin et de Louise Blais