Il y a 100 ans aujourd'hui, l'Armistice était signé, mettant un terme aux combats de la Première Guerre mondiale. De nombreux ouvrages consacrés à ce conflit ont récemment été publiés. En voici trois.

Frontal!

Soldat sénégalais envoyé se battre sur le front au nom de la France, Alfa Ndiaye perd la tête le jour où il voit son «plus que frère» Mademba Diop être mortellement frappé, chercher ses «boyaux éparpillés» autour de lui et le supplier de l'égorger par compassion.

Ivre de rage, il vengera Mademba en zigouillant des soldats ennemis et en ramenant comme trophée leur fusil... avec la main encore accrochée dessus.

Ce n'est pas un jeu de mots de dire que ce roman se déroulant sur le front est frontal. C'est sale, boueux, rempli de sang rouge et noir.

Mais au-delà des mots très durs jetés au visage à travers le soliloque d'Alfa, l'ouvrage évoque tant la guerre que le colonialisme, la folie engendrée par les bombes, la peur, la culpabilité.

Le tout est fait avec une écriture en cercles toujours plus concentriques, comme si le narrateur était, à l'image d'un rapace, de plus en plus focalisé sur sa proie/sujet. Fascinant!

Frère d'âme. David Diop. Seuil. 175 pages.

Un témoignage exceptionnel

De la littérature de guerre nous provenant de soldats ayant combattu au front, il existe peu d'oeuvres attribuées à des Canadiens français.

Dans ce contexte, ce journal de guerre, que Joseph Alphonse Couture a écrit du jour de son enrôlement à celui où il a quitté définitivement les rangs de l'armée, est exceptionnel.

C'est écrit avec humilité, naïveté, peu de mots savants et un certain effacement de cet homme toujours demeuré simple soldat, mais qui voulait laisser un témoignage à ses enfants (il en aura six).

Avec lui, on passe de l'entraînement sur le sol canadien à la traversée de l'Atlantique, jusqu'aux longs séjours sur le front de l'Ouest dans la pluie et l'humidité.

On va en permission. On assiste à une exécution de déserteurs. On goûte à la joie des vainqueurs.

Afin de contextualiser ce que l'auteur raconte, le professeur et historien Morad Djebabla-Brun ajoute 238 annotations en bas de page. Loin d'alourdir le récit, celles-ci sont des plus pertinentes.

Du Saint-Laurent au Rhin - Carnets de guerre 1914-1918. Joseph Alphonse Couture. Septentrion. 268 pages.

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Du Saint-Laurent au Rhin - Carnets de guerre 1914-1918 de Joseph Alphonse Couture

Remise en contexte

Du 9 au 12 avril, des milliers de soldats canadiens prennent d'assaut et reprennent des Allemands la crête de Vimy, dans le nord de la France.

Cet exploit, réussi au prix de 3600 soldats canadiens tués et 7000 blessés, est encore célébré aujourd'hui.

À preuve, Vimy est un des noms les plus utilisés dans la toponymie canadienne. Sans remettre en cause le sacrifice des combattants, l'historien et conservateur Laurent Veyssière replace les choses dans leur contexte.

Il s'emploie notamment à décrire comment, d'un gouvernement canadien à l'autre, les dirigeants ont instrumentalisé Vimy à des fins politiques et pour faire la promotion de l'unité canadienne. Notamment quand grimpait le niveau de tension face au nationalisme québécois.

Comme d'autres historiens avant lui, qu'il nomme, l'auteur estime que de faire de Vimy l'assise de la naissance de la nation canadienne est une affirmation à prendre avec des pincettes. 

Vimy - Un siècle d'histoires 1917-2017. Laurent Veyssière. Septentrion. 160 pages.

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Vimy - Un siècle d'histoires 1917-2017 de Laurent Veyssière