Sociologue, professeur émérite à l'Université Laval, Simon Langlois publie un recueil de ses chroniques dans lesquelles il décortique la société québécoise. Entrevue.

Sociologue, professeur émérite à l'Université Laval, Simon Langlois publie un recueil de ses chroniques dans lesquelles il décortique la société québécoise. Entrevue.

C'est à la demande de son université que Simon Langlois, sociologue très respecté au Québec, a entrepris la rédaction d'un blogue. « Mon institution avait une volonté de démocratiser les résultats de recherches scientifiques, explique M. Langlois en entrevue à La Presse. Je n'ai pas voulu faire des chroniques d'humeur, je préférais vulgariser les résultats de mes études, un peu dans l'esprit de ce que fait Thomas Piketty sur les inégalités sociales. »

Selon Simon Langlois, les universitaires font face à la même crise que les journalistes : les faits fondés ne sont plus valorisés et la vérité est devenue une notion relative, placée à égalité avec les opinions. « On voit que la notion de vérité est une idée qui perd du terrain, observe-t-il. Particulièrement aux États-Unis. Tout est relatif, anything goes, comme ils disent là-bas. »

Dans ce recueil fort intéressant, Simon Langlois aborde plusieurs sujets reliés à l'actualité et s'attaque à quelques lieux communs, comme le déclin de la classe moyenne, qui nous est très souvent annoncé. Le sociologue réfute cette idée. « Pour citer un sociologue français, la classe moyenne est une nébuleuse complexe, note-t-il, mais elle est loin de disparaître.

« La classe moyenne a changé, et il est plus difficile qu'avant d'y accéder. La génération de mes parents, même avec un statut d'ouvrier, pouvait y aspirer. Aujourd'hui, cet accès est de plus en plus lié à l'obtention d'un diplôme d'études supérieures. »

- Simon Langlois

Dans Le Québec change, Simon Langlois s'intéresse également à la place des femmes dans la société québécoise. « Il s'agit d'un bel exemple de succès, insiste-t-il. On regarde souvent ce qui reste à accomplir et à gagner, mais on oublie de regarder ce qui a bien marché. » Le Québec est, selon lui, l'exemple d'une société où la place des femmes est très enviable. « C'est vrai qu'elles sont moins nombreuses aux échelons supérieurs, elles ont de la difficulté à atteindre les sommets de la hiérarchie. Par contre, elles sont très nombreuses dans les professions intermédiaires qui donnent accès aux classes moyennes supérieures, alors qu'on assiste à une accentuation des hommes au bas de l'échelle sociale. »

Ce sont des changements qui vont avoir un impact à moyen et à long terme, selon le sociologue. « Le Québec continue d'être une société scolarisée, et l'éducation jouera un rôle de plus en plus important, observe Simon Langlois. Le diplôme va générer de bons revenus, mais ce sera plus difficile pour ceux qui ne poursuivent pas les études. À long terme, je crains que nous soyons témoins de davantage d'inégalités sociales au Québec. » Une crainte fondée sur des faits, pas des impressions...

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Le Québec change

Chroniques sociologiques

Simon Langlois

Del Busso 

301 pages

image fournie par Del Busso 

Le Québec change ‒ Chroniques sociologiques