Le journaliste international Frédérick Lavoie publie ces jours-ci Allers simples - Aventures journalistiques en Post-Soviétie, des récits de séjours dans ces pays méconnus des Occidentaux et qui ont fait les manchettes ces dernières années.

Collaborateur pour La Presse, la Première Chaîne de Radio-Canada et de nombreuses radios francophones d'Europe, il a, depuis toujours, un grand intérêt pour la Russie et les pays qui composaient l'ancienne Union soviétique. De son propre aveu, le reporter souffre de ce qu'il appelle la «Caucasite aïgue», ce besoin urgent de quitter le confort de son appartement (il est installé à Moscou) pour se rendre dans l'une des anciennes républiques socialistes soviétiques afin d'en saisir l'âme et la décoder pour le public.

Les récits que ce journaliste qui n'a pas encore 30 ans propose aujourd'hui sont d'un tout autre ordre. Frédérick Lavoie est un observateur minutieux, doublé d'un conteur hors pair. Il sait capter l'essentiel d'une conversation avec un Georgien, ou le non-dit d'un Turkmène vivant dans la paranoïa d'un régime autoritaire, pour le narrer dans une langue vivante qui permettra à ses lecteurs de mieux comprendre le contexte dans lequel vivent les gens en «Post-Soviétie», terme vraisemblablement inventé par l'auteur pour décrire tous ces pays anciennement sous le joug de l'URSS.

Passage obligé, le premier chapitre est consacré à l'épisode biélorusse de mars 2006 où, à ses premières armes dans le métier, il a été emprisonné pour s'être trouvé au milieu des manifestants sur la place d'Octobre à Minsk. De son séjour carcéral, l'auteur a consigné ces souvenirs et en livre un témoignage fort éloquent.

Déjà, son intérêt pour l'humain au coeur des phénomènes sociaux y est très marqué. Il présente ses huit compagnons de cellule et, ce faisant, il dresse le portrait de la jeunesse derrière le mouvement révolutionnaire d'alors.

C'est cet intérêt pour les gens derrière l'actualité qui fait la force du livre. À cheval entre le carnet de voyage et le grand reportage, Frédérick Lavoie distille dans ses différents récits une dose de subjectivité impossible dans un article. Il y présente des éléments de vie quotidienne et raconte les nombreuses files d'attente (imposées par la bureaucratie, par la nonchalance des systèmes de transports, etc.), et les improbables rencontres qui ne peuvent se produire qu'en bourlinguant sac à dos à l'épaule et dans des taxis collectifs.

Allers simples donnera le goût de la bougeotte à ses lecteurs ainsi que l'impression de mieux comprendre ces sociétés complexes et lointaines.

Frédérick Lavoie, La Peuplade, 378 pages * * *1/2