De son métier d'actrice, Diane Keaton dit qu'elle préfère le moment où il faut embrasser son partenaire, surtout si c'est Jack Nicholson. Mais Then Again, la première autobiographie de l'héroïne d'Annie Hall et ex-compagne de Woody Allen, est surtout un hommage à sa mère.

«Pourquoi écrire ces mémoires ? Parce que maman flotte autour de moi, parce que je ne veux pas qu'elle s'en aille, même si elle a disparu» en 2008, écrit l'actrice dans son livre paru cette semaine aux États-Unis.

L'ouvrage prend la forme d'un collage, qui mêle les souvenirs de l'actrice de la trilogie du Parrain, de Manhattan, Reds ou Baby Boom, avec des extraits des 85 journaux intimes écrits par sa mère Dorothy et découverts après la mort de cette dernière, de la maladie d'Alzheimer.

A côté des frustrations d'une femme au foyer dans les années 1950 - pour sa fille «une artiste cherchant son art» - Diane Keaton, 65 ans aujourd'hui, raconte ses histoires d'amour avec Woody Allen, Warren Beatty et Al Pacino, sa période de boulimie, l'adoption, seule, de ses deux enfants.

De son vrai nom Diane Hall - Keaton est le nom de jeune fille de sa mère -, elle a passé son enfance en Californie, avant de rejoindre à l'âge de 19 ans New York pour prendre des cours de théâtre.

«J'ai fait (la comédie musicale) Hair», raconte-t-elle devant quelque 300 personnes lors d'une soirée de promotion, cette semaine, à Washington. Mais «j'aime travailler le jour, et le théâtre, ce n'est que de la nuit», s'amuse-t-elle, chapeau vissé sur la tête et grand manteau ceinturé de cuir, sa marque vestimentaire.

Elle évoque ses années de boulimie de l'époque: «Toute la troupe fumait de l'herbe, moi je mangeais de la glace à la vanille», écrit-elle, détaillant les kilos de nourriture dont elle s'empiffre avant de les vomir.

Son compagnon Woody Allen, rencontré en 1968, lui écrit : «J'ai décidé de permettre à ta famille de me rendre riche. C'est un sujet magnifique pour un film». De là naîtra Annie Hall, un film «réalisé sans effort. Personne ne s'attendait à quelque chose d'important. On passait du bon temps à se promener dans New York», écrit-elle.

«Porte ce que tu veux», avait-il dit. «J'ai volé les idées des femmes décontractées de New York. Le pantalon kaki, la veste, la cravate, ce sont elles. J'ai volé l'idée du chapeau à (l'actrice française) Aurore Clément», rencontrée chapeautée sur un tournage.

Le film qui «a changé ma vie», lui vaudra un Oscar en 1978.

«Woody me manque. Il rentrerait sous terre s'il savait combien je l'aime, mais je suis assez futée pour ne rien dire, il déteste la nature grotesque de mon affection», s'amuse-t-elle.

De la trilogie du Parrain, elle dit : «Pour moi, ce n'est qu'une seule chose. Al (Pacino). C'est aussi simple que cela». «C'était un artiste», écrit-elle. On apprend néanmoins quelques-unes des fins différentes envisagées par Francis Ford Coppola.

Elle raconte l'adoption de ses deux enfants, sa fille Dexter et son fils Duke, 16 et 10 ans aujourd'hui, grâce à qui elle «vit dans le monde réel», dit-elle lors de sa tournée de dédicaces.

Son film préféré? «Je n'ai jamais détesté un film qui me donnait l'occasion d'embrasser un homme», dit-elle à son auditoire hilare. Mais surtout Tout peut arriver Something's Gotta Give. Elle devait saisir et embrasser Jack Nicholson. «Il devait se laisser faire. Je n'arrêtais pas d'oublier le texte. Alors je devais l'embrasser encore, et encore, et encore».