Stephen Harper a été en quelque sorte le «co-auteur silencieux» d'un ouvrage sur les coulisses de l'ascension du Parti réformiste du Canada, coulant notamment certains documents, indique un nouveau livre portant sur l'actuel premier ministre.

Mais M. Harper, après avoir secrètement aidé son ami et confident Tom Flanagan à tracer un portrait sans fard de Preston Manning, s'est outré quand l'auteur s'est penché sur sa propre ascension dans les sphères du pouvoir.

Ces révélations, qui émanent de sources conservatrices, sont au coeur du nouveau livre du chroniqueur du «Globe and Mail» Lawrence Martin, «Harperland: The Politics of Control».

L'ouvrage se veut un catalogue exhaustif du besoin «profondément enraciné» de M. Harper de contrôler l'information, de sa discipline et de sa nature impitoyable dans la poursuite de ses objectifs.

Tom Flanagan, ancien organisateur politique de M. Harper, illustre bien les deux thèmes principaux du livre avec son anecdote sur l'aide subreptice de l'actuel premier ministre à l'élaboration de «Waiting for the Wave», publié en 1995.

M. Flanagan soutient à M. Martin dans «Harperland» que M. Harper a apporté une contribution «extrêmement utile» au projet et fourni des documents.

«Waiting for the Wave», et le livre suivant de M. Flanagan, «Harper's Team», publié en 2007, représentent de l'or politique pour ceux qui cherchent à comprendre les fondements du mouvement conservateur fédéral canadien.

Mais M. Harper a adopté des attitudes diamétralement opposées à l'égard des deux livres.

Son chef de cabinet, Ian Brodie, a tenté d'empêcher la publication de «Harper's Team». Plutôt que d'abdiquer, M. Flanagan a accepté d'apporter à son travail des révisions importantes.

«J'ai coupé beaucoup d'anecdotes qu'ils jugeaient trop révélatrices, a mentionné M. Flanagan à M. Martin. Le problème n'est pas que je révélais des éléments nuisibles.»

Dans une entrevue, jeudi, il a fait valoir que les changements demandés par M. Brodie rendaient en réalité meilleure la version finale de «Harper's Team», mais cela n'a visiblement pas apaisé la colère du premier ministre. MM. Harper et Flanagan ne s'adressent plus la parole.

«Aux États-Unis, personne ne cligne de l'oeil quand (l'ancien conseiller) David Axelrod écrit un livre sur la campagne du président Barack Obama, a souligné M. Flanagan à La Presse Canadienne. Cela est beaucoup moins courant au Canada. Et Stephen Harper, j'imagine, n'aimait pas qu'on écrive (sur les conservateurs) de l'intérieur.»

Les moments les plus révélateurs dans «Harperland» proviennent des entrevues de M. Martin avec d'influents conservateurs, tels que M. Brodie, Kory Teneycke, Keith Beardsley, Bruce Carson et Mark Cameron, qui ont tous travaillé à différents moments dans l'entourage de M. Harper et demeurent en bons termes avec le gouvernement.