Deux pages par pape. C'est la moyenne au bâton de l'historien Ivan Gobry, qui vient de publier un Dictionnaire des papes aussi concis que divertissant.

On apprend notamment que Félix III, pape de 483 à 492, était veuf et fils d'un prêtre (consacré après son propre veuvage). Que saint Évariste, le cinquième pape, était né juif à Bethléem. Ou encore qu'un fils de cardinal, Christophe, au début du Xe siècle, a réussi à régner un an comme antipape après avoir jeté en prison Léon V peu après la fin du conclave qui l'avait élu.

 

L'historien émérite français de 79 ans, à qui on doit de nombreux ouvrages sur les rois de France et sur le monarchisme, dresse la liste des 265 papes et mentionne quelques-uns de la quarantaine d'antipapes. Ces prélats n'étaient pas reconnus par les autres évêques, et étaient nommés par les puissants, tout d'abord par les empereurs romains opposés au catholicisme. Les derniers datent du «grand schisme d'Occident», aux XIVe et XVe siècles, quand deux papes se sont disputé la chrétienté à Avignon et Rome. Les antipapes ne comptent généralement pas dans la numérotation des papes, à l'exception de Félix II (355-365). Pour une raison inconnue, Félix III a décidé de tenir compte de son prédécesseur illégitime.

L'ouvrage est parfois un peu trop bref, notamment dans les articles consacrés aux premiers papes, où on a l'impression d'avoir un calque d'une description laconique déjà publiée ailleurs. L'auteur verse parfois dans le panégyrique, faisant la liste des bonnes oeuvres de certains papes, par exemple les soupes populaires et les hospices.

Mais on a droit à une trentaine de petits portraits de papes, pour la plupart des peintures, qui rappellent le pouvoir jadis lié à la fonction. Innocent X, par exemple, avec sa petite moustache, a l'air d'un courtier en énergie; au XVIIe siècle, il n'a pas hésité à affronter les puissantes familles Barberini et Farnese pour les punir de crimes de droit commun.

Ivan Gobry fait le point sur certaines controverses résolues depuis belle lurette, comme la prophétie de Malachie et la papesse Jeanne (des supercheries), ou le fait qu'Anaclet et Clet sont une seule et même personne, le deuxième successeur de saint Pierre après saint Lin et lui-même canonisé, a décidé le Vatican peu après la Deuxième Guerre mondiale.

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Dictionnaire des papes

Ivan Gobry

Pygmalion, 534 pages, 59,95$

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