Il fait plus de six pieds et plus de 200 livres, avec un front de boeuf et l'assurance d'un caporal en plein assaut. Et il est partout, dans le journal, à la radio, à diverses antennes, à la télé, devant et derrière l'écran. Un Bleuet bionique.

Et voilà que Michel Brûlé, l'impayable éditeur des Intouchables, vient de consacrer un livre à Réjean Tremblay et au gotha de ses célèbres amis.

 

C'est le personnel de la maison d'édition qui a choisi les 250 chroniques retenues, sur un total de 15 000, en tenant compte des «must» de Réjean, une dizaine de chroniques dont une sur les Jeux olympiques de Moscou, une sur le décès de Gilles Villeneuve (le père de Jacques) et une sur le duo Angélil-Dion.

Il est frappant de voir l'évolution du Bleuet journaliste, au début dévoré d'une incessante soif de scoops et d'histoires humaines, comme celles reprises dans ses téléséries (Lance et compte, Scoop...) puis de plus en plus défenseur de ses propres convictions et de ses amis.

Une partie novatrice du volume donne justement la parole à 11 personnalités à qui on a demandé qui est Réjean Tremblay pour elles : René Angélil, Marcel Aubut, Lucien Bouchard, Gaétan Boucher, Guy Carbonneau, Jean Charest, Liza Frulla, Guy Lafleur, Richard Legendre, Jean-Claude Lord, Jacques Villeneuve. Tout un aréopage!

Les entrevues, signées S.G., ressemblent cependant plus aux témoignages des dossiers de béatification qu'à la recherche d'information. «Il faut reconnaître le professionnalisme hors normes de Réjean. Il a toujours signé des articles fouillés et non des chroniques d'opinion ou de caractère», affirme sans broncher Liza Frulla, qui signe la préface du livre. «Il n'est pas calculateur et avec lui les gens sont encouragés à ne pas l'être non plus», soutient Richard Legendre. «Qu'il ne fasse jamais de compromis, parce que c'est comme ça qu'on l'aime. Et mon dernier message, c'est que je l'aime», lit-on à la fin de l'entrevue avec René Angélil.

Ces témoignages nous apprennent tout de même que Réjean et Marcel Aubut sont des amis tellement intimes que ce dernier est venu de Toronto pour «ramasser» Réjean après sa rupture avec Fabienne Larouche. Et que Jacques Villeneuve rencontre Réjean comme ami et non comme journaliste, sachant que s'il écrit quelque chose ce sera correct. «Car le journalisme est devenu son hobby. Son vrai gagne-pain n'est en effet plus là, mais à la télévision avec ses séries», ajoute l'ami Jacques.

Des confidences qui aident à comprendre pourquoi, sous la plume de Réjean, Marcel Aubut était pratiquement sans reproche et Jean-Paul L'Allier, le fossoyeur des Nordiques. Et pourquoi ce n'était pas de sa faute si Jacques Villeneuve ne finissait jamais ses courses.

Dans son mot de la fin Quatre décennies sur cinq continents Réjean nous raconte lui-même comment il a contacté Jacques Olivier, ancien ministre et concessionnaire automobile, pour avoir un prix d'ami sur la Mustang décapotable qu'il convoitait.

Et puis après! nous dira le célèbre Bleuet. L'important pour le lecteur, ajoutera-t-il sans doute, c'est l'histoire qu'on lui raconte, et là-dessus, Réjean est dur à battre.

QUATRE DÉCENNIES SUR CINQ CONTINENTS

Réjean Tremblay Les Intouchables, 351 pages, 24,95$ ***