Après une carrière à la tête d'une compagnie de production vidéo, Michel Larocque s'est amusé à tenter de créer un récit inspiré de cette technologie de l'instantané qui permet à l'oeil de remodeler la réalité comme une pâte de sel ou encore de se plonger dans une situation étalée crûment comme un morceau de boeuf.

De Floride proviennent les oranges raconte la vie d'un jeune vidéaste au début des années 90, alors que cette technologie n'est pas encore démocratisée comme aujourd'hui. Il cumule les expériences de tournage, de la grossesse suivie pas à pas à la vidéo d'entreprise, du bout d'essai d'une actrice à la mise en image de fantasmes pornographiques, en passant par les annonces douloureuses que l'on préfère adresser à la caméra plutôt qu'à l'oeil émotif de l'être humain.

L'auteur fait donc bondir le lecteur de décor en décor, allusion au montage par saccades typique du médium. Il souligne avec justesse la rapidité avec laquelle il est possible d'entrer dans l'intimité d'inconnus par le truchement d'une lentille. Plongé dans le vif de situations sans préambule ni chute, le lecteur voit passer une suite de croquis malheureusement mal dessinés, portés par une naïveté qui aurait pu être charmante si elle avait été soutenue par une langue travaillée.

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De Floride proviennent les oranges

Michel Larocque

Éditions de la Francophonie

204 pages, 19,95$