Mathieu Muir, 38 ans, est consultant auprès d'entreprises et de municipalités qui souhaitent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L'ingénieur fait paraître un premier roman pour ados, L'ère de l'Expansion, qui commence en 2208 sur une Terre presque épuisée. À quelques jours de la Marche pour le climat prévue vendredi, La Presse l'a joint à Sherbrooke.

Votre roman commence alors que la Terre est divisée en quatre sections, dont les frontières sont fermées. Chacune doit gérer les répercussions des changements climatiques de son côté. Vous pensez qu'on n'arrivera pas à coopérer mondialement pour agir?

En ce moment, il y a deux tendances: la mondialisation et l'isolationnisme, avec le Brexit et le mur que nos voisins américains veulent construire. Ce que je propose comme base de mon roman, c'est un juste milieu. Comme si on avait réussi à se regrouper en quatre pôles et qu'après, chacun préfère protéger son futur, sa population. C'est une proposition qui va évidemment servir l'intrigue.

D'où vous est venue l'idée de ce roman futuriste?

Ce que j'aime beaucoup dans tout type d'art, c'est un univers réaliste avec une petite touche de fantastique. Pour créer un univers futuriste cohérent, je n'ai pas recréé l'ensemble de la planète, j'ai ajouté quelques petits gadgets. Il y a une chose qui change beaucoup : c'est l'invention d'une nouvelle technologie, la téléportation.

Dans L'ère de l'Expansion, l'Orient réussit à coloniser l'espace grâce au téléporteur. Est-ce que l'avenir de l'humain passe par une nouvelle planète où recommencer à zéro?

C'est une bonne question. C'est une des options. Mais est-ce qu'on va être capables de se rendre? Est-ce que la téléportation va être possible un jour? Je ne sais pas. J'ai évidemment fait des recherches pour savoir où on en est dans le domaine, mais je ne suis pas physicien. Je pense que dès que la technologie va le permettre, on va avoir le désir et la curiosité de coloniser une autre planète. Déjà, si on créait des villes habitables sur la Lune, plein de gens aimeraient y aller.

Est-ce que ce sera une nécessité, comme la Terre ne sera plus vivable?

J'espère que non. À mon avis, on va toujours s'adapter. On sait que même si tous les gouvernements s'entendaient pour réduire à un certain plafond les émissions de gaz à effet de serre - ce qui est zéro le cas, en ce moment -, il y aurait quand même à court terme des impacts sur la désertification, les îlots de chaleur, la montée des eaux des océans, etc. On s'adapte. Espérons qu'on n'aura pas à habiter sous des dômes sur Terre, pour pouvoir contrôler la température et la gestion des ressources.

Des grèves pour le climat auront lieu vendredi. Vous êtes chargé de cours en environnement à l'Université de Sherbrooke. Comprenez-vous les jeunes de prendre la rue?

Oui. C'est LA problématique mondiale. C'est le plus grand défi qu'on aura à relever dans toute notre ère, celui qui pourrait presque engendrer la fin de l'humanité si on ne fait rien. Donc, oui, je comprends les jeunes et les moins jeunes de vouloir agir par tous les moyens, dont la sensibilisation.

Les propos de Mathieu Muir ont été édités en raison de l'espace limité.

Science-fiction pas impossible...

Le traité de Tokyo, signé en 2175, a divisé la Terre en quatre sections, aux frontières fermées. Le Soleil d'Orient, qui regroupe tous les pays surpeuplés d'Asie, et l'Alliance du Sud, qui rassemble le Moyen-Orient et l'Afrique fortement désertifiés, sont les perdants. Ce roman dystopique présente cinq moments forts de l'avenir des humains, comme l'a imaginé Mathieu Muir. C'est parfois complexe (même si la psychologie des personnages semble avoir peu évolué en 200 ans), mais c'est toujours distrayant.

L'ère de l'Expansion. Mathieu Muir. Éditions David (collection 14/18), 266 pages. Dès 14 ans.

Trois suggestions de lectures vertes

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L'ère de l'Expansion, de Mathieu Muir

Amitié avec un arbre

La petite Suzanne vit en ville, mais passe ses vacances chez ses grands-parents. Là-bas, elle a «son» arbre, au pied duquel elle est bien. Dans ce joli album, on comprend le sincère attachement de Suzanne pour la nature. Gros plus: le petit lecteur peut caresser une écorce d'arbre rugueuse et sentir le parfum des baies en grattant les pages. Charmant.

Sous mon arbre, texte de Muriel Tallandier, illustrations de Mizuho Fujisawa, éditions Gründ. Dès 4 ans.

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Sous mon arbre, texte de Muriel Tallandier, illustrations de Mizuho Fujisawa, éditions Gründ

Pour apprivoiser le compost

Julie déteste sortir les poubelles. Ça pue! Pour ne plus risquer d'avoir du jus de déchets sur ses souliers, Julie fait une recherche sur le compost. Ce petit guide éducatif permet d'apprendre à bien composter à l'extérieur, si on n'a pas accès aux bacs bruns. Pratique.

Le carnet de Julie - Composter, texte de Julia Gagnon, illustrations de Danielle Tremblay, éditions Marcel Didier. Dès 7 ans.

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Le carnet de Julie - Composter, texte de Julia Gagnon, illustrations de Danielle Tremblay, éditions Marcel Didier

Secrets d'adaptation

«Nous sommes aux balbutiements d'une 6e extinction massive, celle-là causée par l'activité humaine», lit-on dans ce documentaire riche en photos et en infos. Le reste n'est pas déprimant du tout: on y parle des débuts de la vie sur Terre, des plantes, de l'énergie verte, des invertébrés et des vertébrés. Mieux encore, les secrets de la survie - et de l'adaptation - de la nature sont révélés. Informatif.

Tout savoir sur la nature, collectif, traduction d'André Gagnon, éditions Hurtubise. Dès 10 ans.

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Tout savoir sur la nature, collectif, traduction d'André Gagnon, éditions Hurtubise