Deux ans après la première suite d'Astérix réalisée sans ses créateurs d'origine - Albert Uderzo et René Goscinny -, le Groupe Hachette revient à la charge avec Le papyrus de César, tiré à 4 millions d'exemplaires dans le monde!

On s'en souvient, la critique de l'album Astérix chez les Pictes, réalisé par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad en 2013, «sous la supervision» d'Albert Uderzo et d'Anne Goscinny, avait été partagée. Saluée par les uns, déplorée par les autres, la relance de la série-culte n'a pas fait l'unanimité.

Les Français avaient été les plus sévères. Le Nouvel Observateur avait titré: «C'est pathétix», tandis que L'Express, plus conciliant, avait jugé l'album «trop prudent». Ce qui n'a pas empêché les éditions Albert René du groupe Hachette d'en vendre plus de 5 millions d'exemplaires!

Si les aventures d'Astérix chez les Pictes manquaient de surprises, Le papyrus de César, au contraire, comporte une foule de petites perles abordant des thèmes plus modernes. Grâce à une intrigue bien étoffée et une galerie de personnages colorés, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad font mouche.

Médias et réseaux sociaux

Cette fois, Jules César reçoit son éditeur Bonus Promoplus, qui s'apprête à publier ses commentaires sur La guerre des Gaules. Promoplus convainc l'empereur de supprimer le chapitre concernant «les revers subis face aux irréductibles Gaulois d'Armorique», qu'il considère comme «une tache» sur son CV...

Mais voilà, l'un des scribes de l'ouvrage (Bigdatha) se saisit d'une copie du fameux chapitre et «coule» l'information à un Gaulois appelé Doublepolémix, inspiré du personnage de Julian Assange, à Rome «en colportage».

Les métaphores sur le monde des médias et des réseaux sociaux abondent et font sourire, donnant naissance à des personnages comme Résowifix, responsable des communications au village ou du druide Gasdechix!

Bref, appuyé par un détachement de légionnaires romains, Promoplus tentera de capturer Doublepolémix et de récupérer le papyrus incriminant avant que n'éclate le scandale. Poursuivi par la censure romaine, le jeune homme échappera finalement aux Romains.

Que feront Obélix et Astérix pour s'assurer que l'histoire de leur résistance soit connue de tous? Promoplus, lui, saura-t-il étouffer le scandale qui menace d'être dévoilé et qui le ferait couler? Et Doublepolémix, le colporteur, parviendra-t-il à révéler la supercherie de Jules César? Voilà en gros l'intrigue de ce nouvel album.

Les dessins de Didier Conrad, fidèle au style d'Uderzo, sont bien maîtrisés ; on note d'ailleurs le retour du chien d'Obélix, Idéfix, absent des aventures chez les Pictes, mais c'est surtout grâce au scénario de Jean-Yves Ferri que l'on retrouve avec plaisir nos sympathiques Gaulois.

L'auteur exploite avec beaucoup d'humour la relation entre le chef de la tribu, Abraracourcix, et sa femme (Bonemine), qui est à l'origine d'à peu près toutes les décisions qu'il prend.

Notez cette fois que la couverture de l'album est l'oeuvre de Didier Conrad - contrairement au précédent album qu'Albert Uderzo avait tout de même dessiné. Même si l'homme de 88 ans est toujours très présent, on a l'impression que le tandem Ferri-Conrad a joui cette fois d'une plus grande liberté.