Le procès intenté par le dessinateur d'Astérix, Albert Uderzo, contre sa fille et son gendre pour «violences psychologiques» a été renvoyé au 6 janvier, alimentant encore le feuilleton judiciaire autour de l'irréductible mais surtout très rentable petit Gaulois.

«Nous attendons la décision de la cour d'appel de Versailles», a expliqué Sabine Boyer, présidente de la 18e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre.

Sylvie Uderzo, la fille du cocréateur d'Astérix, a déposé en 2011 une plainte contre X, soupçonnant l'entourage de son père, âgé de 87 ans, d'abus de faiblesse. Une ordonnance de non-lieu a été rendue dans cette affaire, les juges d'instruction mettant en avant «la grande vivacité intellectuelle» et «la mémoire intacte» du dessinateur. Mais Sylvie Uderzo a fait appel de l'ordonnance, appel qui doit être examiné vendredi à Versailles.

Le père du célèbre Gaulois et son épouse Ada, absents à l'audience de Nanterre, avaient annoncé fin 2013 qu'ils portaient plainte pour «violences psychologiques». Ils reprochent à leur fille et à son mari, Bernard de Choisy, d'intenter une multitude de «procédures judiciaires qui ne reposent sur aucun fondement». Albert et Ada «sont brisés» par ces actes qui «ne les protègent pas, mais qui les détruisent», a relevé à l'issue de l'audience Me Jean-Alain Michel, l'un des conseils du dessinateur. «L'affection, cela ne se négocie pas», a ajouté l'avocat.

La bataille judiciaire entre le père et la fille dure depuis 2007, lorsque Sylvie et son époux sont remerciés par les éditions Albert René, en charge des albums d'Astérix conçus après le décès de René Goscinny en 1977. L'année suivante, la société est cédée à Hachette Livre, mais la jeune femme s'oppose à la transaction, ne comprenant pas que son père autorise l'éditeur du groupe Lagardère à poursuivre les aventures du Gaulois après sa mort.

En 2011, elle cède finalement ses parts à Hachette pour environ 13 millions d'euros, d'après des sources concordantes.

Tombée dans la marmite

Je ne revendique pas la propriété d'Astérix mais «souhaite être avec mes enfants sa gardienne morale», a déclaré à l'AFP Sylvie Uderzo. «Je suis tombée dans la marmite depuis mon enfance, j'ai travaillé pendant 20 ans avec mon père, je suis fille unique. J'estime être tout à fait légitime pour conserver un droit de regard» sur le personnage, a-t-elle ajouté, assurant que si cela lui était reconnu, elle arrêterait toutes les procédures.

En ce qui concerne la plainte en abus de faiblesse examinée vendredi à Versailles, son avocat, Me Nicolas Huc-Morel, va demander un supplément d'information. «On sait aujourd'hui que l'expert comptable d'Albert Uderzo a menti», relève le conseil. Sylvie a déposé plainte en septembre pour «faux témoignage» contre cet homme, énième rebondissement dans cette saga judiciaire.

L'enjeu est de taille car le petit Gaulois est assis sur un tas d'or. Astérix est la BD française la plus vendue (plus de 352 millions d'albums) et la plus traduite (111 langues et dialectes) au monde.

Le dernier album, le premier sans Uderzo, est sorti le 24 octobre dans 15 pays et 23 langues. En deux mois, il s'est hissé en tête des meilleures ventes de livres en 2013.