Rendez-vous de la planète des bulles, le 41e Festival international d'Angoulême, qui débute jeudi dans le sud-ouest de la France, sera plus que jamais ouvert sur le monde avec des auteurs reporters, la Grande Guerre vue par Tardi, les 50 ans de Mafalda, le regard politique du Néerlandais Willem ou encore la BD asiatique.

Après une fronde de la moitié des anciens Grands Prix, qui ont refusé de participer au vote, le Grand Prix du festival est soumis cette année au seul suffrage des auteurs. Ce trophée sera décerné dimanche à l'un des trois finalistes: l'Américain Bill Watterson (Calvin & Hobbes), le Japonais Katsuhiro Otomo (Akira) et le Britannique Alan Moore (Watchmen).

Répartis dans quatre catégories - Sélection officielle, Sélection Patrimoine, Sélection Jeunesse et Sélection Polar -, 62 albums se disputeront également neuf prix, les Fauves d'Angoulême, dévoilés aussi dimanche.

Plus de 200 000 festivaliers avaient pris d'assaut la capitale mondiale de la BD l'an dernier et les organisateurs espèrent faire encore le plein pour cette 41e édition, en dépit des problèmes financiers récurrents du Festival et du ralentissement du marché de la BD en France depuis trois ans.

Incontournable rendez-vous du 9e Art, le Festival accueillera quelque 200 auteurs, des expositions, des débats, des animations, des séances de dédicaces, des concerts de dessin, une immense librairie...

Sont notamment attendus Patrick Sobral, le père des Légendaires, l'une des plus populaires séries francophones, dont les dix ans font l'objet d'une rétrospective, le dessinateur satirique néerlandais Willem, Grand Prix 2013, le mangaka Suheiro Maruo, des auteurs coréens, taïwanais et chinois, dont Li Kunwu, à l'heure où l'on célèbre la 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la République Populaire de Chine.

La bande dessinée et le monde

«En 2014, nous avons choisi de nous intéresser à la relation de la bande dessinée avec le monde, dont elle s'empare chaque jour davantage, l'anticipe, le transforme et le questionne, bref le met en cases pour mieux l'observer et le décrire», souligne Franck Bondoux, délégué général du Festival. Les auteurs empruntent «au reportage, à la photo, à l'enquête, à tout ce qui bouge».

Plusieurs expositions phares marquent cette édition, au premier rang desquelles Tardi et la Grande Guerre, en cette année du centenaire de 14-18. Les planches originales des albums de Jacques Tardi, C'était la guerre des tranchées et Putain de guerre!, seront notamment présentées. Mais le père d'Adèle Blanc Sec âgé de 67 ans restera à Paris, concentré sur le 2e tome de Moi René Tardi, prisonnier de guerre, Stalag II B (Casterman).

Une rétrospective de 60 ans de création de Gus Bofa (1883-1968) rendra également hommage à cet artiste nourri lui aussi par les horreurs des guerres qui ont endeuillé le XXe siècle.

L'Argentin Quino, 81 ans, dont Angoulême célèbre les 60 ans de carrière, a dû déclarer forfait pour raisons de santé. Mais son héroïne Mafalda, symbole d'anticonformisme et de résistance, qui fête ses 50 ans, sera au coeur d'une grande exposition ayant pour décor l'appartement de l'inoubliable brunette. La série est traduite en une vingtaine de langues.

Une autre exposition lèvera le voile sur les oeuvres inédites réalisées par Rochette en écho au film du Coréen Joon-Ho, Snowpiercer, adapté du classique de la BD de SF, Le Transperceneige, de Lob, Rochette et Legrand.

Quant aux aspirants auteurs de BD, ils trouveront au Pavillon Jeunes Talents un espace numérique dédié à la création en ligne et une exposition d'oeuvres sur iPad.