Uderzo, après avoir été le seul maître d'oeuvre d'Astérix au cours des trois dernières décennies, a décidé de passer la main. L'aventure parue jeudi, Astérix chez les Pictes, est la première qui est créée sans ses créateurs originaux: le scénario est signé Jean-Yves Ferri et le dessin, Didier Conrad.

Sur le plan du dessin, c'est confondant. C'est un exploit, bien sûr, mais ce n'est pas une surprise: Conrad n'aurait jamais été choisi s'il n'avait pas été en mesure d'insuffler à Astérix sa proverbiale énergie, à Obélix sa bonhommie habituelle, et de reproduire l'essence de l'univers inventé par Uderzo.

Ferri avait un défi plus délicat à relever: respecter l'esprit et le ton jadis donnés par Goscinny (mort en 1977), tâche qu'Uderzo lui-même a eu du mal à accomplir, en particulier après Le fils d'Astérix. Son premier essai est concluant: Ferri signe un scénario un peu trop classique, mais respecte les figures imposées (Assurancetourix se fait taper dessus, les pirates aussi, Astérix et Obélix ont des «chicanes de couple») et trouve un bon équilibre entre les niveaux d'humour.

C'est parfois appuyé en ce qui a trait aux jeux de mots (surtout lorsqu'on cherche des noms aux Écossais), et si le clin d'oeil à Johnny Hallyday est sympa, on ne saisit pas pourquoi le Picte, qu'Astérix aide à rentrer en Écosse, cite des paroles de chanson dans ses moments d'égarement... Cet Astérix-là possède, malgré ses défauts, un bel élan.

Astérix chez les Pictes

Jean-Yves Ferri et Didier Conrad

Les éditions Albert et René

48 pages

***