En France, on les dit «nés sous X». Ces bébés non reconnus par leur mère, qui les abandonne donc à la naissance. Pris en charge par le système, ils sont placés en adoption. Plus tard, s'ils le désirent, ils peuvent tenter de prendre contact avec leur mère biologique.

C'est ce qui arrive à Léo dans L'été où je suis né, de Florence Hinkel. Léo, qui s'entend très bien avec ses parents adoptifs, qui est un adolescent équilibré. Mais qui, dans un coin de sa tête, entretient une «relation» avec sa mère, qu'il appelle X, à qui il parle.

Rien d'obsessif. C'est seulement qu'il aimerait savoir pourquoi. Pourquoi l'a-t-elle abandonné? Une question qui, en cet été où il rencontre Xavière, Xavière-avec-un-X, prend soudain tant de place en lui qu'il a besoin, viscéralement, d'y trouver la réponse. Il prendra les mesures pour y parvenir.

Un texte très court qui pénètre dans la tête d'un jeune homme en pleine période de questionnement. Et qui culmine par une lettre, d'une très jeune fille à celui qu'elle vient de mettre au monde.

L'émotion, vive et forte, vient de ces pages-là, les précédentes nous tenant quelque peu à distance en tant que lecteur.

* * *

L'été où je suis né, Florence Hinckel, Scripto, 83 pages.

La décision d'Isabelle Pandazopoulos pourrait être l'antépisode du livre de Florence Hinckel. On y rencontre Louise. Une fille sans histoire, excellente élève, bonne amie.

Rien ne peut laisser prévoir ce qui va lui arriver lorsque, pendant le cours de maths, elle se lève pour courir aux toilettes. Où elle accouche. Car elle était enceinte. L'ignorait. Et pour cause: elle assure ne jamais avoir eu de relations sexuelles. Pourtant, Noé, avec ses cheveux noirs, ses 3,3 kg, est là.

Le médecin, bien sûr, mettra des mots sur la situation. Déni de grossesse. Explication médicale au fait que Louise n'ait pas pris de poids et ait continué à avoir ses règles. Mais encore...

Tandis que Louise, totalement désorientée, tente de trouver un sens à ce qui lui arrive, tandis qu'elle observe ce bébé, le sien, pour lequel elle n'éprouve rien, ni affection ni aversion, juste de l'indifférence, ses amis, ses parents, ses proches essaient, eux, de trouver une explication à une situation qui leur paraît incompréhensible.

Isabelle Pandazopoulos leur laisse la parole, variant les narrateurs, donc les points de vue. Il se dessine ainsi un portrait en relief qui secoue, qui dérange. Qui fait réfléchir. Et fait tomber bien des préjugés.

* * * 1/2

La décision, Isabelle Pandazopoulos, Scripto, 245 pages.