Paul à la pêche (2006) et Paul à Québec (2009) sont des albums particulièrement chargés au plan émotif qu'on peut difficilement lire sans prendre des pauses pour étouffer des sanglots. Michel Rabagliati démontre dans ces deux grands romans graphiques (bardés de prix, d'ailleurs) sa grande maîtrise de l'art narratif et une grande sensibilité dans la manière d'aborder des deuils, grands ou moins grands, qui laissent des traces dans nos vies.

Paul au parc, septième tome de la vie réinventée de l'auteur, n'a pas tout à fait la même envergure. Il est dans l'ensemble plus léger, et ce, même si un drame attend au détour d'une page. Michel Rabagliati y raconte un peu plus d'une année de l'enfance de Paul, entre 1969 et 1971, du premier baiser au premier camp de louveteaux. Des expériences qu'il vit alors que le FLQ fait grimper la tension.

Le bédéiste peint ici par touches, c'est-à-dire qu'il juxtapose finement les épisodes dans un mouvement qui révèle le monde intérieur de Paul, son humour gamin et le regard encore naïf qu'il pose sur le monde. Ce n'est pas vraiment un roman d'apprentissage, plutôt une peinture touchante de ce moment de l'enfance où l'on voit poindre au loin l'adolescence et où on vit nos premières expériences marquantes. Un bel hommage, aussi, à ces adultes qui deviennent les héros de notre enfance et laissent une empreinte qui demeure parfois toute la vie.

Paul au parc

Michel Rabagliati

La Pastèque, 143 p.

***1/2