Le célèbre Boy Wonder de la série culte Batman sera au Comiccon de Montréal ce week-end, avec son éternel compère masqué. Retour sur une aventure qui ne l'a pas laissé indemne.

Pas facile d'être un superhéros mythique. Parlez-en à Burt Ward, l'ancien Robin de la série télévisée Batman, qui sera à Montréal ce week-end pour le sixième Comiccon (Rassemblement d'amateurs de comics) avec son ancien compère Adam West, qui incarnait l'homme chauve-souris.

Burt Ward admet avoir eu beaucoup de plaisir à jouer les justiciers masqués. Mais l'expérience a aussi failli lui coûter la vie! «Mes trois premiers jours de tournage se sont terminés aux urgences, raconte l'ex-acteur, qui se révèle aussi verbomoteur que dans la série télévisée. Adam avait une doublure, mais pas moi. La production trouvait que le cascadeur ne me ressemblait pas assez, alors j'ai fini par jouer dans toutes les scènes dangereuses!»

«Le premier jour, la porte de la Batmobile s'est ouverte pendant qu'on roulait à toute vitesse. Je me suis luxé la main en essayant de me retenir pour ne pas être éjecté de la bagnole. Le deuxième jour, je me suis retrouvé étouffé sous la voiture qui faisait des flammes et de la fumée. Le troisième jour, Batman devait me sauver en faisant exploser un mur de fausses briques. Mais les accessoiristes avaient construit un vrai mur! Alors, ils ont utilisé de la dynamite!! J'étais attaché par terre, j'ai reçu toutes les planches de 2 x 4 sur la gueule! Ç'a été comme ça pendant trois ans!»

Burt Ward admet, en revanche, que la série Batman a changé sa vie. Du jour au lendemain, le jeune acteur de 20 ans est devenu une star internationale - lui dont le seul exploit, jusque-là, avait été d'être patineur artistique professionnel à 3 ans!

«Ce fut excellent pour ma vie sociale», lance Ward, 66 ans, en évoquant notamment son succès explosif auprès de la gent féminine. «Dans les sixties, ce n'était pas comme aujourd'hui. C'était l'amour libre. Qu'est-ce qu'on a pu s'amuser!»

C'est après que ça s'est gâté. Si Adam West a poursuivi cahin-caha sa carrière d'acteur, la suite n'a pas été aussi rose pour Burt Ward, qui n'a joué que dans une vingtaine de films et séries télé depuis la fin de la série Batman en 1968.

Stigmatisé par Robin? Prisonnier à tout jamais de son mythique personnage? «Pas du tout! riposte l'ancien Boy Wonder. Mais c'est sûr qu'on ne se sort pas facilement d'un tel rôle. J'étais étiqueté et j'ai eu un peu de difficulté à trouver du boulot par la suite. Mais je n'ai jamais pris les choses trop au sérieux. Le truc, c'est de savoir s'ajuster et de faire autre chose.»

Encore aujourd'hui, Ward et son ancien compère Adam West continuent d'exploiter le filon de Batman. Assumant avec humour leur passé en technicolor, les deux acteurs vont de congrès en congrès pour signer des autographes et témoigner de leur expérience de superhéros en collants. Impossible de savoir s'ils enfileront pour les Montréalais leurs vieux costumes devenus trop petits (voir Burt Ward, beaucoup plus enveloppé qu'à l'époque!), mais on sait que la fameuse Batmobile sera exposée pendant le Comiccon.

Pour ce qui est de «s'ajuster» et de «faire autre chose», Ward ne semble pas être en peine. En 2001, le comédien a fondé une entreprise d'effets spéciaux pour le cinéma et la télé, nommée Boy Wonder Visuel Effects.

Il gère aussi une organisation consacrée au sauvetage de chiens géants abandonnés par leurs maîtres. Selon ses dires, il aurait ainsi rescapé 14 000 toutous de l'euthanasie depuis 17 ans, en plus d'avoir inventé une nouvelle technique pour rallonger l'espérance de vie des chiens. Ward est tellement passionné par cette nouvelle vie qu'il a l'intention de produire une série de téléréalité sur le sujet. Le pilote est déjà tourné.

Fait à noter: l'argent empoché par Ward pendant les congrès est réinjecté dans son aventure canine - qui lui a jusqu'ici coûté 2,5 millions de dollars. Manifestement, Robin n'a pas trop de soucis financiers «De ce côté, en effet, ça va bien. J'ai marié une milliardaire!»

-----------------------------

C'EST QUOI LE COMICCON
?

La Comics Convention est une grosse foire pour trippeux de bédés américaines, de science-fiction, d'horreur et «japanimé». Il y en a dans plusieurs villes en Amérique, mais celui de Montréal n'existe que depuis six ans. Commencé tout petit, le Comiccon de Montréal accueille des vedettes de plus en plus grandes, qui viennent signer des autographes et causer aux fans en échange d'un certaine somme. Outre les vieux Batman et Robin, l'événement compte cette année sur la présence du légendaire Stan Lee (le cerveau de Marvel Comics) comme président d'honneur - tout un honneur en effet. Michael Dorn (Worf dans Star Trek), Jeremy Bulloch (Boba Fett dans Star Wars), Gil Gerard (Buck Rogers) et Doug Bradley (Hellraiser) seront parmi la vingtaine d'autres invités. Ça se passe Place Bonaventure tout le week-end. Infos: www.montrealcomiccon.com

Photo: Tammie Arroyo, archives Associated Press

Adam West et Burt Ward en 2006 à l'occasion d'une soirée en Californie pour souligner le 45e anniversaire de la création de la série télé culte.