Pendant 85 ans Annie la petite orpheline aura ponctué le quotidien des Américains au travers de ses aventures contées sous forme de bande dessinée dans les journaux. Mais, dimanche, l'orpheline rouquine, qui n'a jamais dépassé neuf ans, a définitivement pris sa retraite.

Son éditeur, la Tribune Company, qui vendait la BD aux quotidiens américains, estime qu'il est temps que la jeune héroïne retrouve ses aficionados «là où ils se divertissent» désormais: devant leurs écrans de télévision, de cinéma ou d'ordinateur, sur internet.

Au contraire d'autres héros de BD, les auteurs successifs de Annie la petite orpheline (Little Orphan Annie en anglais) ont toujours pris soin d'adapter leurs scénarios au climat politique et économique du moment, avec deux impératifs pour seul cahier des charges: Annie ne devait jamais grandir et ses aventures ne devaient jamais se finir sur une touche optimiste.

Annie est une orpheline adoptée par Daddy Warbucks, un riche homme d'affaires. Son créateur, Harold Gray, la plonge dans un monde dans lequel seuls les plus entreprenants prennent le dessus. Elle se bat pêle-mêle contre des banquiers cupides, des gangsters sans foi ni loi ou des nazis.

Au sommet de sa popularité, dans les années 40, Annie s'invite chaque jour dans plusieurs centaines de journaux américains. Mais le dimanche 13 juin, date de sa dernière apparition, seule une vingtaine de quotidiens publiaient encore les aventures de la fillette.

«Les BD publiées dans les journaux prennent le chemin des formes d'art désuètes qu'étaient le théâtre radiophonique et les soap operas», a constaté Heidi MacDonald, rédactrice en chef du blogue The Beat consacré à la bande dessinée.