Un hosanna sans fin, livre-testament de l'écrivain et membre de l'Académie française Jean d'Ormesson sur le sens de la vie, achevé deux jours avant sa disparition en décembre 2017, sort jeudi en librairie.

Jean d'Ormesson est décédé le 5 décembre 2017 à 92 ans et avait reçu un hommage national.  

Commencé en juin 2017, l'écrivain avait mis la touche finale à son livre le 3 décembre suivant. Sa mort «lui interdira de relire les derniers feuillets, comme il avait coutume de le faire», souligne dans un avertissement aux lecteurs,  au début du livre, sa fille Héloïse d'Ormesson qui publie le livre de son père dans la maison qui porte son nom.

«Au-delà de cette absence de relecture, Un hosanna sans fin n'a pas bénéficié de ce passage au tamis méthodique, de cette vigilance à la virgule près, dont ont profité les trente-sept livres précédents», prévient l'éditrice qui a choisi de publier le texte «en l'état».

Cette ultime oeuvre de l'académicien vient clore la trilogie entamée avec Comme un chant d'espérance (2014) et Guide des égarés (2016).

Dans ce livre, l'écrivain, déjà malade, s'interroge sur le mystère de l'existence. «Disons les choses avec simplicité, avec une espèce de naïveté: il me semble impossible que l'ordre de l'univers plongé dans le temps, avec ses lois et sa rigueur, soit le fruit du hasard», écrit-il.

«Du coup, poursuit-il, je m'en remets à quelque chose d'énigmatique qui est très haut au-dessus de moi et dont je suis la créature et le jouet».

L'objet de ce petit livre (140 pages) n'est rien de moins que l'existence ou non de Dieu.

«Dieu n'a pas d'autre existence que celle que nous efforçons de lui prêter. Personne ne l'a jamais vu. Chacun peut s'en passer. Dieu est assez peu probable. Dieu à toutes les apparences d'une illusion consolatrice. Dieu est invraisemblable», soutient l'auteur.

Mais, ajoute Jean d'Ormesson, que dire de «tous les miracles que nous avons vus défiler sous nos yeux écarquillés: la goutte d'eau, le grain de sable [...] le temps dont nous ne savons rien, l'histoire, cette stupeur, la vie, une nécessité peuplée de hasards » ... Dans ces conditions, Dieu n'est « pas beaucoup plus invraisemblable que le monde étrange où nous vivons tous les jours et qui nous paraît si évident».

«Je ne prétends pas que Dieu existe: je n'en sais rien», conclut l'écrivain qui ajoute aussitôt: «je prétends qu'il peut exister. Je prétends que rien ne s'oppose à son existence. Je prétends qu'il a le droit d'exister».