L'animateur de C'est fou, à ICI Radio-Canada Première, publie L'oeuvre du Grand Lièvre filou (Multimondes), un recueil de ses chroniques parues dans le magazine Québec Science durant 10 ans. Il y a cinq ans, pour des raisons de santé, l'anthropologue a dû quitter sa maison des Laurentides. Désormais, lorsqu'il écrit, c'est avec une vue imprenable sur la rivière des Prairies. Il nous fait découvrir son espace de travail.

Sur la table

Roche ronde

J'ai trouvé cette roche en 1966 quand je faisais le tour du Québec en Coccinelle avec mon père. Depuis, elle ne m'a jamais quitté. J'ai découvert qu'elle est faite d'un des plus vieux matériaux sur terre. On approche le milliard d'années. J'ai même écrit un édito sur elle pour l'émission C'est fou.

Hemingway

Je me suis attaché à cette figurine, c'est ma fille Lou qui me l'a rapportée d'un de ses voyages avec Marie, ma conjointe. C'est Hemingway, un auteur que j'aimais beaucoup dans ma jeunesse. Elles pensaient qu'il me ressemblait (rires).

Montaigne

Il y a deux sortes de livres sur mon bureau. Il y a ceux que je lis pour mon émission et les autres, dont Montaigne. J'ai une vieille édition de ses essais. Toute ma vie, il m'a accompagné. J'ouvre une page et je découvre encore quelque chose que je n'avais pas remarqué. C'est inépuisable.

Jankélévitch

Mon autre pile, ce sont mes livres de Vladimir Jankélévitch. Quand je suis fatigué de Trump ou du texte que j'écris - là, je suis en train d'écrire pour Philippe Brach, qui prépare un projet télé pour les enfants -, j'ouvre un livre de Jankélévitch que j'ai lu 100 fois et je redécouvre des phrases consolatrices.





Autour de la table

L'épinette

Je suis obsédé par les épinettes depuis toujours. La blonde de mon ami Jean Désy, Isabelle Duval, est photographe et l'accompagne dans le Nord. Elle a pris cette photo qui ressemble à une peinture. Marie, qui veut toujours me faire plaisir, l'a fait agrandir pour me l'offrir et maintenant, elle est toujours à côté de moi quand je travaille.

Le camion

Je peins naïvement, niaiseusement... (rires) Ce sont des formes d'évacuation. Toute ma vie, j'ai été capable de sortir d'une situation par méditation. J'aime beaucoup le rien. À Huberdeau, j'aimais m'asseoir sur une roche dans la forêt pendant des heures. Et j'aime les pinceaux, les tableaux. Dans mes peintures, on voit les signes de la maladie mentale qui m'a toujours habité (rires): des épinettes, la forêt, des animaux sauvages. Et un hommage à mon camion.

Les livres

Quand on a emménagé ici, Marie et moi, on a pris le parti qu'on serait dépouillés. On a décidé qu'il n'y aurait pas de bibliothèques. Mais c'est dur. Les livres s'accumulent malgré nous. Il y a tellement de bonnes choses qui se publient, c'est un combat à jamais perdu. Je fais partie de la génération qui pensait que c'était très précieux d'avoir une bibliothèque personnelle. Ma maison à Huberdeau, c'était une grande bibliothèque; il a fallu un mois pour la vider de ses livres.

L'orignal

Moi, j'aime la nature, la forêt, les animaux sauvages. Tous les objets autour de moi le rappellent. Cette toile aussi. Aujourd'hui, je vis au bord de la rivière des Prairies. C'est un lien qui me relie à la nature. La rivière ne gèle pas l'hiver, elle est toujours vivante, en mouvement. J'aime la regarder quand je suis assis à mon bureau.

Photo François Roy, La Presse

Des épinettes prises en photo par la photographe Isabelle Duval