Avec Le sentier des bêtes (vlb éditeur), la romancière vient de publier le troisième et dernier tome de la série Red Light. Amorcée avec Adieu, mignonne, la trilogie couvre le Montréal illicite du début des Années folles à la Grande Crise. L'auteure de polars s'est aussi penchée sur l'univers de la mixologie et l'histoire des cocktails pour son livre Élixirs, publié en 2014. Elle nous parle de sa vie en livres.

Votre premier souvenir de lecture?

«Je suis de la génération de La courte échelle. La maison d'édition jeunesse a publié Maxime, une série en trois volumes de romans fantastiques signés Denis Côté avec un jeune personnage, Maxime, 12 ans, qui n'a pas froid aux yeux. Je me souviens d'avoir dévoré La nuit du vampireLes yeux d'émeraude, La trahison du vampire. Il y a deux ans, on a réédité la série, et mon fils de 7 ans a aimé, comme moi il y a 20 ans, les récits fantastiques de Denis Côté.»

Le livre qui a changé votre vie?

«Lorsque je suis tombée à l'adolescence dans l'univers de cape et d'épée d'Alexandre Dumas. J'ai adoré Les trois mousquetaires, La reine Margot. Ces récits étaient une véritable évasion dans le temps et l'espace. Dumas m'a donné le goût de raconter des histoires pour fuir ma réalité. Enfant, quand je regardais des films avec ma mère, je lui disais que je ne comprenais pas pourquoi les méchants ne gagnent jamais. Plus tard, quand j'ai commencé à écrire, c'était clair que je n'allais pas raconter des histoires à la Disney.»

Le livre qui est sur votre table de chevet en ce moment?

«L'homme aux deux ombres de Steven Price (chez alto), une brique de 700 pages. Un roman policier qui se passe à Londres en 1885; c'est le Londres de Dickens. Le personnage principal est William Pinkerton qui est le fils d'Allan Pinkerton, le grand détective américain qui a donné son nom à l'agence privée de détectives et de sécurité.»

Un livre que vous relisez souvent?

«Je n'ai pas le temps de relire des romans. Par contre, j'aime relire des pièces de théâtre, car ça se lit plus rapidement. Entre autres celles de Samuel Beckett, particulièrement En attendant Godot. Près de 70 ans après sa parution, c'est toujours bon. Quand j'ai lu Godot pour la première fois, j'étais étudiante au cégep à Saint-Hyacinthe, je voyais surtout le côté drôle, absurde de Beckett. Aujourd'hui, c'est plutôt l'angoisse des personnages et leur destin tragique qui me happent.»

Le livre que vous n'avez jamais terminé, et vous ne savez pas pourquoi?

«Au début de la vingtaine, je me suis lancé dans Ulysse de James Joyce, après avoir lu la trilogie de Beckett (Molloy, Malone meurt et L'innommable), un auteur influencé par Joyce. On m'avait dit à l'époque: "Si tu commences Ulysse, tu ne dois surtout pas t'arrêter." Je me suis rendue à près de la moitié... et le livre m'est tombé des mains. Je ne l'ai jamais repris depuis.»

Le livre qui vous a le plus troublée après sa lecture?

«Pour qui sonne le glas, le plus célèbre roman - pas nécessairement son meilleur - du grand Ernest Hemingway. Un livre où il est beaucoup question de la mort sur fond de guerre civile espagnole. Avec des réflexions métaphysiques qui sont très sombres. Je me souviens avoir fait une promenade pendant des heures après avoir fini le livre. Je me sentais vraiment mal. J'ai eu le spleen durant des jours.»