Depuis plus de 30 ans, ces deux magazines reflètent l'évolution de la vie littéraire québécoise.

Lettres québécoises: Changement de garde

«Quand le premier numéro de la nouvelle mouture de Lettres québécoises est arrivé en kiosque, l'an dernier, les libraires croyaient qu'il s'agissait d'un nouveau magazine», confie Annabelle Moreau, la nouvelle rédactrice en chef de cette publication fondée en 1976. C'est dire à quel point la revue dirigée pendant un quart de siècle par André Vanasse a changé d'allure.

Nouvelle maquette, nouvelle typographie, nouveau papier... L'équipe formée de l'éditeur Alexandre Vanasse, du coordonnateur éditorial Jérémy Laniel et d'Annabelle Moreau a complètement transformé le magazine.

«Quand on a repris le flambeau, on a tenu des états généraux, consulté des gens du milieu pour leur demander ce qu'ils aimeraient retrouver dans Lettres québécoises», explique Annabelle Moreau, en poste depuis janvier 2017.

«Nous étions devant une belle page blanche, avec l'opportunité de renouveler complètement le contenu et de lui donner une nouvelle direction. On s'est même posé la question : est-ce qu'on va exclusivement sur le web? Mais on a plutôt décidé de produire un bel objet, un beau magazine qu'on peut lire sur une longue période.»

«Nous avons fait un très gros travail sur l'aspect visuel du magazine, poursuit la rédactrice en chef. On a même changé le nom, on l'a raccourci pour le rendre plus moderne.»

Le trio a toutefois conservé la mission de LQ: parler des auteurs et faire de la critique littéraire. Sous la couverture, le magazine est désormais segmenté en cinq cahiers, dont un grand dossier consacré à un écrivain (Audrée Wilhelmy a inauguré le «nouveau» LQ), un grand dossier et une trentaine de pages de critiques.

«Consacrer 25 pages à Leonard Cohen, c'est un luxe! souligne Annabelle Moreau. C'était la première fois qu'on retrouvait un chanteur et un anglophone à la une de notre magazine. On est sortis des sentiers battus, et c'est une porte que j'ai envie d'ouvrir à l'avenir.»

Autre nouveauté: quelques pages consacrées à la création littéraire. «On avait envie de donner une place aux créateurs», précise la jeune femme dont l'objectif avoué était de rajeunir le lectorat et d'augmenter le nombre de lecteurs. Mission accomplie: pour certains numéros, LQ a triplé ses ventes en librairie.

* Le prochain numéro de LQ paraîtra le 22 mars avec un dossier consacré à l'oeuvre de Marie-Claire Blais.

Nuit blanche: Le pari de la francophonie

Nuit blanche a souligné son 35e anniversaire l'an dernier et pour l'occasion, le magazine littéraire établi à Québec s'est payé une nouvelle maquette. En 2015, c'est tout le site web qui avait été revu en profondeur, une tâche colossale, car on y trouve tous les numéros archivés, ce qui en fait une précieuse source d'information pour qui s'intéresse à la littérature.

La mission du magazine, elle, est demeurée la même au fil des ans : parler des livres qui s'adressent aux lecteurs francophones.

On couvre aussi bien la littérature québécoise que la littérature francophone d'ailleurs. On parle aussi de tous les livres traduits en français. Bref, on ratisse large.

«On explore toute la francophonie. On veut donner aux gens le goût de lire, de découvrir les livres écrits en français d'ici et d'ailleurs», explique Alain Lessard, rédacteur en chef de Nuit blanche.

Chez Nuit blanche, il y a un réel souci de mettre la littérature québécoise en perspective. «Depuis cinq ans, nous portons une attention particulière à la littérature francophone hors Québec, note la directrice de la publication, Suzanne Leclerc. On a tendance à l'ignorer alors qu'on trouve dans le reste du pays des auteurs très intéressants. Il y a une vie littéraire qu'on connaît peu.»

Nuit blanche a consacré ses derniers numéros à la relève. En 2018, le magazine entame un nouveau cycle qui devrait s'étirer sur trois ans et qui s'intéressera à la thématique du territoire. «On veut explorer les liens entre l'imaginaire et les régions», explique Alain Lessard, qui se réjouit de l'ébullition observée à l'extérieur des grands centres ainsi que de la montée de la littérature autochtone. «Nous étions au Salon du livre des Premières Nations, note-t-il, et c'est absolument emballant, ce qui se passe là.»

* Le prochain numéro de Nuit blanche paraîtra en avril et consacrera un dossier à la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

image fournie par Nuit blanche

La mission de Nuit blanche est demeurée la même au fil des ans: parler des livres qui s'adressent aux lecteurs francophones.