Clémence DesRochers est marraine des Impatients, organisme qui vient en aide au moyen de l'art aux personnes souffrant de maladie mentale et qui fête ses 25 ans cette année. Le coffret anniversaire du recueil 1000 mots d'amour, qui réunit des dizaines de lettres écrites par des personnalités connues et des Impatients, a été lancé mardi à l'occasion d'un événement public à la galerie Les Impatients, rue Sherbrooke à Montréal.

Votre premier souvenir de lecture?

J'avais 7 ou 8 ans et ma grande soeur Jeanne, avec sa première paye, m'avait acheté La semaine de Suzette. J'ai passé des heures là-dedans, alors que la maison était pleine de livres de toutes sortes! Mais j'aimais La semaine de Suzette, ça se passait en France, c'était toutes sortes d'histoires différentes. C'était publié chaque semaine, mais ils en avaient fait un album relié. Le temps que je passais là-dedans...

Le livre qui a changé votre vie?

Est-ce qu'un livre peut changer notre vie? Je ne sais pas. Je dirais peut-être Gabrielle Roy, à cause de sa façon d'écrire. Elle n'a pas changé ma vie, mais elle m'a influencée dans sa façon touchante et vraie. Je pense qu'écrire, c'est vouloir toucher les gens. Et se soulager un peu soi-même aussi! Le livre que je préfère de Gabrielle Roy est Ces enfants de ma vie. Je vais le relire, je crois.

Le livre qui est sur votre table de chevet en ce moment?

Ouvrez l'oeil! de Julian Barnes. C'est assez aride. Il a choisi 17 peintres, comme Géricault, qui a peint Le radeau de la Méduse... Il décrit ce qui se passait sur le radeau, j'en ai passé des bouts! C'est macabre, ça se mange, ça se jette à l'eau... Donc, l'auteur prend un artiste, disons Delacroix: on connaît l'homme, lui, il le décrit, il cite des extraits et parle du peintre lui-même. C'est un livre que j'aime parce que j'aime la peinture.

Le livre que vous relisez souvent?

Élégies pour l'épouse en-allée, écrit par mon père Alfred. C'est un livre d'amour qu'il a écrit après la mort de maman. C'est très beau. Le premier quatrain va ainsi: 

J'entreprendrai d'animer seul le paysage

Où vécut notre amour pour la dernière fois :

J'évoquerai le lac, le chalet et les bois

Dont rêvait pour sa fin notre vieillesse sage.

C'est beau, hein? Ce n'est pas son livre le plus célèbre, mais les vers sont tout simples, touchants. Je dis toujours: il faut lire Alfred DesRochers, et celui-ci en particulier. Il paraît qu'il est difficile à trouver par contre.

Le livre que vous n'avez jamais lu, vous ne savez pas pourquoi?

Proust. J'ai essayé trois ou quatre fois. J'ai lu une phrase! OK, je n'ai pas essayé fort, j'admets. Ce n'est pas mon style, je n'aime pas ça, ça m'ennuie. J'aime les livres plus directs. C'est très, très bien, Proust, ma soeur est folle de ça, mais moi, non.

Le livre que vous lirez cet hiver?

Le nouveau livre d'Anny Duperey, Le rêve de ma mère. Anny Duperey est une comédienne française qui a écrit beaucoup, de très beaux livres. Elle a eu un début de vie épouvantable, elle a trouvé ses parents asphyxiés dans la salle de bains quand elle avait 5-6 ans. Elle avait déjà écrit sur ça dans Le voile noir. Dans ce nouveau livre, elle parle de sa mère, qu'elle n'a pas connue.