L'annonce de la mort de l'écrivain Réjean Ducharme a plongé la communauté littéraire dans le deuil, mardi.

Rolf Puls, qui connaissait l'auteur de L'avalée des avalées depuis 40 ans, dit avoir subi «un grand choc», dont il ne s'est pas encore remis.

En entrevue avec La Presse canadienne, l'ancien directeur de l'antenne canadienne des Éditions Gallimard a précisé que l'écrivain, dramaturge, scénariste, sculpteur et parolier avait succombé à des complications liées à une opération.

Celui qui a aussi signé Le nez qui voque et L'hiver de force était atteint d'un cancer du côlon, selon Gallimard.

Ses problèmes de santé se seraient d'abord déclarés il y a un an, peu avant que sa compagne, Claire Richard, ne rende l'âme.

Rolf Puls estime que son trépas ne suffira pas à percer l'anonymat du romancier insaisissable.

«C'est quelqu'un qui n'a pas voulu jouer le jeu médiatique, a-t-il rappelé. Il s'est retiré derrière son oeuvre.»

«C'était quelqu'un de très privé, mais en même temps, qui a de tout temps revendiqué sa liberté, a-t-il poursuivi. Ce qui apparaît dans oeuvre, et dans sa vie aussi, c'est quelqu'un qui était extrêmement drôle, qui avait des formules absolument formidables, des aphorismes dont toute son oeuvre est parsemée.»

M. Puls regrette que Réjean Ducharme ne verra pas paraître Le Lactume, une série de 199 de ses dessins récemment retrouvés.

«Il n'aura pas vu malheureusement le livre achevé, qui est sorti de presse vendredi dernier», s'est-il désolé.

Sur Twitter, le ministre québécois de la Culture, Luc Fortin, a souligné le caractère «unique» de sa plume.

L'été dernier, le ministre Fortin avait désigné la parution de L'avalée des avalés, qui avait valu à Réjean Ducharme une nomination pour le prix Goncourt, comme événement historique.

Mardi, son homologue fédérale, Mélanie Joly, s'est dite attristée d'apprendre le décès de ce «véritable monument de la littérature au pays».

Quant au chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, il y est allé des épithètes «original, mythique, maître de l'enfance, réinventeur de mots».

«Nous savions peu de choses sur lui, sinon que sa plume était aussi belle que révolutionnaire», a pour sa part écrit le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.