Les romans font voyager. Au coin d'une rue dans une ville qu'on croyait connaître par coeur; au bout du monde dans un pays qui nous apparaît telle une autre planète. Cet été, La Presse vous amène vers une ville, un pays, des gens riches en couleurs, en saveurs, en histoires drôles ou bouleversantes. Cette semaine, cap sur la Chine.

Guide 

Xu Zechen

Né en 1978 dans le Jiangsu, Xu Zechen a étudié la littérature chinoise à l'Université de Pékin où il vit actuellement. 

Il a publié trois romans et un recueil de nouvelles, a remporté de nombreux prix littéraires et serait, selon le magazine People's Literature, l'un des 20 écrivains chinois les plus prometteurs.

Attraction principale

Bian HongQi, faussaire de jour et poète de soir. Provincial tirant le diable par la queue à Pékin, il s'ennuie de sa femme laissée dans le JiangSu tout en se changeant les idées dans les bras de Shen Dan.

Souvenirs de voyage

Le livre de Xu Zechen réunit deux novellas. Le faussaire raconte l'histoire de Bian HongQi qui gagne sa vie en fabriquant de faux diplômes universitaires pour divers clients. Son coeur balance entre deux femmes, entre la province dont il est originaire et la capitale. La muette narre la rencontre improbable d'un libraire et d'une femme muette débarquée dans sa vie comme la misère sur le pauvre monde. Ces deux novellas nous plongent dans la vie quotidienne des jeunes Pékinois d'origine modeste, dépassés par la vie moderne au sein d'une mégalopole de près de 25 millions d'habitants. Grâce à un style réaliste, touchant, drôle, parcourir Pékin - le quartier de l'université et la place TianAnMen, notamment - avec Xu Zechen, c'est constater que la jeunesse d'ailleurs ou d'ici vit les mêmes tourments, hésitations, petites et grandes joies. Une fort belle découverte!

Passeport (un extrait pour donner envie d'embarquer) 

«C'est ainsi que Bian HongQi se mit à aimer Pékin spontanément. Par la suite, il prit conscience qu'en fait, ce soir-là, il faisait très froid, comme toutes les nuits de tempête de sable du mois de mars. Mais il ne ressentait que de la chaleur et, de toute la nuit, il ne remonta pas la fermeture à glissière de son blouson. Il arpentait les avenues, la poitrine découverte, songeant qu'il n'avait pas encore trouvé le parent éloigné venu à Pékin comme travailleur migrant, à qui il comptait demander du secours. Il lui avait trouvé quatre fois sans réussir à le joindre et, prenant son parti de la situation, il se dit que passer la nuit à marcher dans les rues, ce n'était pas mal. Dans la seconde partie de la nuit, le nombre de voitures et de piétons diminua. Il se sentit un peu solitaire, mais c'était agréable. Il débordait d'une humeur de poète, les ombres projetées par les réverbères étaient des ombres de poètes. Sans cesser de marcher, il arriva place TianAnMen et, quand il se trouva face à l'immense portrait du président Mao, ses larmes se mirent de nouveau à couler.»

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Xu Zechen. Le faussaire. 221 pages. Éditions Philippe Rey.

Image fournie par les Éditions Philippe Rey

Le faussaire, de Xu Zechen