Des experts internationaux seront réunis en octobre à Santiago du Chili pour élaborer un rapport sur les causes de la mort du poète chilien Pablo Neruda, a indiqué mardi la famille de ce dernier, qui soupçonne un empoisonnement sous la dictature (1973-1990).

Ces spécialistes du Canada, du Danemark, des États-Unis, d'Espagne et du Chili se retrouveront mi-octobre dans la capitale chilienne pour étudier les derniers examens réalisés et rédiger un rapport qu'ils remettront au juge Mario Carroza, chargé du dossier, afin de peut-être clore la procédure initiée il y a quatre ans.

Les restes du poète et prix Nobel de littérature, décédé dans une clinique de Santiago en 1973, quelques jours après le coup d'État contre le président socialiste Salvador Allende dont il était proche, ont été l'objet ces dernières années de nombreuses expertises.

Exhumés en 2013, ils ont finalement été remis en terre en avril 2016 sans que le mystère soit totalement levé.

En mai 2014, une équipe de chercheurs espagnols avait révélé la présence massive de bactéries, des staphylocoques dorés, qui auraient pu être inoculées par des agents de la dictature.

Quatre laboratoires, aux États-Unis, en Espagne, en Norvège et au Danemark, ont été chargés d'analyser l'ADN de ces bactéries.

Selon le certificat de décès rédigé par la junte militaire alors au pouvoir, le poète est mort à 69 ans d'un cancer de la prostate.

Mais en 2011, son chauffeur de l'époque et assistant personnel, Manuel Araya, a affirmé que sa mort était due à une mystérieuse injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il comptait s'exiler pour y mener l'opposition au général Pinochet.

«Neruda a été assassiné», déclarait M. Araya à l'AFP en 2013.

Une enquête judiciaire avait alors été ouverte, tandis que d'autres témoignages venaient semer le doute en assurant que Pablo Neruda était en forme jusqu'à la fameuse injection.

La mort en 1982, dans la même clinique, de l'ex-président Eduardo Frei (1964-1970), venu pour une opération de routine et qui pourrait avoir été empoisonné, a renforcé la thèse d'un assassinat du poète.