Auteure et traductrice de talent, Dominique Fortier a reçu l'automne dernier le Prix du Gouverneur général pour son quatrième roman, le très beau Au péril de la mer. Plutôt que de choisir des auteurs de la relève, elle a préféré nous parler de quatre écrivains qui méritent selon elle plus de visibilité.

Stéphanie Filion

Stéphanie Filion a lancé son premier livre en 2009, L'almanach des exils, récit à quatre mains écrit avec Isabelle Décarie. Elle est aussi l'auteure de deux recueils de poésie publiés au Lézard Amoureux, L'Orient, Louisiana (2013) et Nous les vivants (2015), et lancera cette année un premier roman, Grand fauchage intérieur, chez Boréal. «L'écriture de Stéphanie est vraiment incarnée, sensible et sensuelle, faite de parfums et de textures. Elle a une écriture gourmande. J'avais beaucoup aimé son récit à quatre mains, j'aimais sa poésie, et j'ai eu la chance de lire son premier roman avant sa publication. Ça valait vraiment la peine et je trouve que son oeuvre est super cohérente. Tu retrouves dans sa poésie des choses qu'elle explore ailleurs. Elle a vraiment une voix, un regard que tu reconnais, un univers super riche. Son écriture fait voyager.»

Christian Guay-Poliquin

Christian Guay-Poliquin est l'auteur de deux romans publiés à La Peuplade, Le fil des kilomètres et Le poids de la neige. «J'ai lu Le poids de la neige cet automne... Il m'a jetée à terre, ce livre, il est parfait, construit avec une telle précision, comme un mécanisme d'horlogerie. C'est une voix tellement singulière, maîtrisée... Presque chaque chapitre commence par une description de la neige: on se dit qu'à un moment donné il ne sera plus capable, que c'est mathématiquement impossible, mais non, ça marche tout le temps! Il y a vraiment des images fortes, mais ce n'est jamais ostentatoire, c'est sans esbroufe. Cette simplicité est le fruit d'une maîtrise absolue de la langue et de son univers. En plus, il nous tient en haleine. C'est comme un suspense, mais où il n'arrive rien, et ce n'est pas décevant. Tu le suis jusqu'au bout. C'est un tour de force.»

Benoit Jutras

Benoit Jutras est l'auteur de nombreux recueils de poésie publiés aux Herbes rouges, dont Nous serons sans voix (prix Émile-Nelligan en 2002), Verchiel et son plus récent, Outrenuit (2014). «J'ai découvert l'oeuvre de Benoit il y a cinq ou six ans. Depuis, c'est l'auteur que j'ai recommandé le plus souvent, même à des gens qui disent qu'ils ne comprennent rien à la poésie ou qu'ils n'en lisent jamais. Chacun de ses recueils est un bijou. Benoit transcende les genres, c'est un de nos grands écrivains, tous genres confondus. Ses livres se lisent comme des romans, ses poèmes sont des histoires, ses recueils sont super cohérents et construisent un chemin. Il écrit des images fortes qui restent avec toi pour la vie.»

Christian Vézina

Christian Vézina présente des lectures de poésie depuis 30 ans. «Christian, c'est un magicien. Il faut l'avoir vu une fois sur scène pour comprendre. Ça prend cinq minutes et tout le monde est conquis, suspendu à ses lèvres, même les plus réfractaires. Je l'ai déjà vu gagner des ados de 14-15 ans, très blasés... Tu ne peux juste pas résister. Il a une manière de rendre les mots vivants, et ses spectacles s'adressent à tout le monde [...]. Il a déjà fait un spectacle sur Prévert avec Violette Chauveau qui était formidable. Avec Le poète en robe de chambre, il se glisse super bien dans les univers de chacun de ses invités, qui sont des personnalités connues. C'est un voyage et une fois que tu l'as vu, tu es converti pour toujours.»