La romancière franco-marocaine et Prix Goncourt Leïla Slimani a lancé un nouvel appel en faveur des homosexuels dans une chronique publiée jeudi par un site marocain, se défendant d'être «une fauteuse de trouble».

«Il faut s'imaginer que des hommes dorment au fond des cellules des prisons marocaines; ils perdent leur statut, leur réputation, leur dignité en raison de leur choix sexuel», écrit la romancière sur le site d'information en ligne Le360, pour lequel elle tient une chronique hebdomadaire.

Leïla Slimani avait déjà pris la défense des homosexuels marocains au lendemain de l'attribution le 3 novembre du Goncourt, le plus prestigieux des prix de l'édition francophone, à son roman Chanson douce (Gallimard). Elle avait appelé, sur la radio France Inter, les Marocains à se rebeller contre «une législation moyenâgeuse» qui les maintient «sous une chape de plomb».

Elle réagissait à l'arrestation de deux jeunes filles mineures à Marrakech qui seront jugées pour homosexualité, punissable de six mois à trois ans de prison au Maroc.

«Contrairement à ce que des esprits chagrins prétendent, je ne suis pas une fauteuse de trouble ou un agent de l'occidentalisation», se défend Leïla Slimani dans sa chronique. «La seule chose que je défends, c'est le droit de chacun à vivre dans la dignité, à disposer de son corps et de ses droits, à être protégé de la violence sociale ou familiale».

«Je ne suis pas une passionaria et j'ai peur, souvent. J'ai de la peine aussi quand je reçois des messages haineux, violents, racistes, misogynes. Quand on m'accuse de tous les maux, qu'on me prête des intentions que je n'ai pas. Quand on m'insulte. Mais pour me donner de la force, je me dis que la liberté dont je dispose doit servir ceux qui en sont dépossédés», affirme-t-elle dans cette chronique intitulée «Ode à l'impertinence».

Les écrivains Tahar Ben Jelloul et Fouad Laroui sont également chroniqueurs pour Le360, un site francophone et considéré comme proche du palais royal.