Son premier roman s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires, mais à moins que vous ne parliez néerlandais, il y a peu de chance que vous ayez entendu parler de la Belge Lize Spit. N'ayez crainte, les traductions arrivent.

Pourquoi une jeune femme traumatisée retournerait-elle dans sa ville natale avec un bloc de glace dans sa voiture? C'est la question au coeur de The Melting, qui a fasciné quantité de lecteurs et fait sensation comme aucun premier roman néerlandophone ne l'a fait au cours des dernières années.

Du haut de ses 27 ans, l'auteure attribue ce succès aux thèmes universels abordés dans son livre - grandir dans une petite ville et dans une famille à problèmes - mais estime aussi que la littérature flamande «attendait quelque chose de nouveau, une nouvelle voix émanant de la jeunesse».

«Je suis un peu abasourdie par tout cela», confie-t-elle à l'AFP lors d'une entrevue téléphonique avant l'ouverture de la Foire du livre de Francfort prévue mercredi, où la Flandre et les Pays-Pays sont invités d'honneur. Son roman y sera présenté pour la première fois sur la scène internationale.

Depuis qu'il a été publié en janvier, La fonte s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Il est toujours numéro un des ventes de romans en Flandre. C'est remarquable pour un premier roman et astronomique pour un pays où la plupart des romans sont imprimés à 2000 exemplaires et sont considérés comme un succès s'ils dépassent les 10 000 copies.

Voix de sa génération

Les droits d'adaptation au cinéma ont été vendus seulement trois jours après sa sortie et les droits de traduction ont déjà été achetés dans neuf pays, dont la France, l'Espagne et l'Angleterre. En Allemagne, l'intérêt était tel qu'il a fallu recourir aux enchères.

«La vente extrêmement rapide des droits à l'étranger, même sur le très difficile marché de langue anglaise, est sans précédent pour un premier roman flamand», assure Michiel Scharpe, du Fonds pour la littérature flamande (FLF).

Le livre s'ouvre sur une scène où le personnage principal, une jeune femme prénommée Eva, conduit vers son village natal, déterminée à régler ses comptes avec son enfance malheureuse.

Oscillant entre le passé et le présent, le roman plonge le lecteur dans l'été caniculaire de 2002, lorsque les seuls amis d'Eva, deux adolescents, s'embarquent dans un sinistre jeu sexuel. Un sentiment de terreur enfle au fil des pages jusqu'à l'inévitable climax.

Érigée en «voix de sa génération» par les critiques, qui saluent sa prose vive et la finesse de ses observations, Lize Spit est comparée à Ian McEwan et Hugo Claus, auteur du classique flamand Le chagrin des Belges.

Garder la «tête froide»

Craignant d'être réduite à un phénomène médiatique, l'auteure belge insiste sur le degré de travail fourni pour ce premier roman. Elle affirme l'avoir lu à voix haute à trois reprises avant la version finale.

La presse belge a beaucoup commenté la nature très graphique de certaines scènes et Lize Spit admet elle-même que certaines sont «très intenses». «Mais c'est nécessaire à la fin, quand tout se finit terriblement mal», souligne-t-elle.

À quel point ce roman est-il autobiographique? «Je crois que c'est très important de garder une distance», explique-t-elle, se disant étonnée de voir des fans débarquer dans sa ville natale de Viersel, dans le nord de la Belgique, espérant retrouver l'ensemble des lieux de l'histoire.

Avec ses apparitions fréquentes dans les médias et une chronique hebdomadaire dans un journal, Lize Spit est devenue une célébrité en Belgique.

Toujours photographiée avec ses cheveux relevés en un chignon décoiffé, elle assure garder «la tête froide» devant ce succès. «Je sais que ça ne va pas durer. Les gens oublient vite», juge-t-elle.

Elle a déjà trouvé une idée pour son deuxième roman. Il s'agira «de quelque chose de complètement différent», confie-t-elle. «Je crois avoir dit tout ce qu'il y avait à dire sur ce village.»