Synonyme d'espoir et parfois d'angoisse pour les romanciers et les éditeurs, la saison des prix littéraires en France, événement culturel incontournable, s'est ouverte mardi avec la première sélection de l'académie Goncourt, qui décerne la récompense la plus convoitée.

L'académie présidée par le journaliste Bernard Pivot a dévoilé une première liste de seize romans en lice pour le plus prestigieux des prix littéraires francophones, qui sera remis le 3 novembre.

Le jury du prix Renaudot lui a emboîté le pas en annonçant une sélection de 18 romanciers et six essayistes dont six figurent également dans la liste du Goncourt.

Tous les grands noms de la rentrée sont présents. Outre l'historien Ivan Jablonka, pour Laëtitia ou la fin des hommes (Seuil), cinq romanciers ont la chance de figurer dans les deux sélections: Catherine Cusset (L'autre qu'on adorait, Gallimard), Yasmina Reza (Babylone, Flammarion), Régis Jauffret (Cannibales, Seuil), le primo-romancier Frédéric Gros (Possédées, Albin Michel) et Leila Slimani (Chanson douce, Gallimard).

Le Goncourt a également notamment retenu Karine Tuil (L'insouciance, Gallimard), Laurent Mauvignier (Continuer, Minuit) et Jean-Paul Dubois (La succession, L'Olivier) tandis que le Renaudot a sélectionné notamment Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Le dernier des nôtres, Grasset) et Simon Liberati (California Girls, Grasset).

Seul Serge Joncour, dont le livre Repose-toi sur moi (Flammarion), a été salué par la critique est absent de la sélection des Goncourt et du Renaudot.

Figure montante de la scène rap française, l'auteur-compositeur Gaël Faye, déjà récompensé par le prix du roman de la chaîne de magasins Fnac, figure en revanche dans la sélection du Goncourt pour son premier roman «Petit Pays» (Grasset).

Parmi les autres surprises, on trouve Magyd Cherfi, l'un des membres du groupe de musique Zebda, qui se trouve également en lice pour le Goncourt avec Ma part de Gaulois (Actes Sud).

Jean-Baptiste Del Amo est quant à lui sélectionné pour Règne animal (Gallimard), grand roman sur la dérive d'une humanité acharnée à dominer la nature.

Un total de 560 romans dont 363 romans français ont commencé ces dernières semaines à remplir les rayons des librairies.

Une aubaine pour les éditeurs

Les romans de la rentrée sont parvenus aux jurys des prix littéraires en juin.

Les dix membres de l'académie Goncourt, dont deux «nouveaux», Eric-Emmanuel Schmitt et Virginie Despentes, se réuniront de nouveau les 4 et 27 octobre avant de remettre leur prix le 3 novembre.

Les livres sélectionnés par le jury du Goncourt sont également en lice pour le Goncourt des lycéens, un prix qui a pris au fil du temps une importance de plus en plus grande.

Le Renaudot sera attribué en même temps et au même endroit que le Goncourt, dans un restaurant parisien huppé.

Auparavant, il y aura eu le Femina (le 25 octobre), le Grand prix du roman de l'Académie française (le 27 octobre) et le Medicis (le 2 novembre).

Recevoir un prix demeure une aubaine pour les éditeurs car un roman primé signifie un succès commercial.

Selon une étude du cabinet GfK sur les ventes de livres primés entre 2010 et 2014, un Goncourt se vend en moyenne à 395 000 exemplaires. Ce chiffre dépasse les 330 000 pour le Goncourt des lycéens, les 220 000 pour le Grand prix du roman de l'Académie française et frôle les 200 000 pour le Renaudot.

Le Goncourt 2015, Boussole (Actes Sud) de Mathias Enard, considéré par les critiques comme un livre exigeant, s'était écoulé à plus de 200.000 exemplaires. Lauréate l'an dernier du Renaudot et du Goncourt des lycéens pour D'après une histoire vraie (JC Lattès), Delphine de Vigan en avait quant à elle vendu plus de 360 000 exemplaires.