Durant l'été, nous revenons sur des livres qui ont marqué leur époque.

Le livre

Ce roman de George Orwell, de son vrai nom Eric Arthur Blair, a été publié en 1949. Pour l'écrire, Orwell s'est inspiré d'au moins deux autres oeuvres dystopiques: Nous autres, du Russe Evgueni Zamiatine, publiée en 1920, et La kallocaïne, de la Suédoise Karin Boye, publiée en 1940. Au départ, l'écrivain voulait intituler son roman The Last Man in Europe. Il a plutôt choisi d'inverser les deux derniers chiffres de 1948, l'année où il en a achevé l'écriture. À cette époque, Orwell était atteint de tuberculose et habitait une ferme sur l'île de Jura, au large de l'Écosse.

L'histoire

Dans 1984, George Orwell, considéré par plusieurs comme l'un des plus grands écrivains politiques du XXe siècle, a imaginé un monde totalitaire où régnerait une police de la pensée et un système de surveillance (Big Brother) permanent. On y parlerait la novlangue, un jargon au vocabulaire réduit, question de limiter les concepts utilisés par les citoyens et, à moyen terme, d'appauvrir la pensée. Dans 1984, le personnage principal, Winston Smith, travaille au ministère de la Vérité. Orwell s'est inspiré du Senate House, à l'Université de Londres, pour décrire les lieux.

Le film

Le roman de George Orwell a inspiré plusieurs cinéastes. De son vivant, la veuve d'Orwell veillait à ce qu'aucune adaptation de l'oeuvre de son mari n'utilise des effets spéciaux. Le film 1984 réalisé par le Britannique Michael Radford et mettant en vedette John Hurt et Richard Burton dans son dernier rôle était un remake d'un film du même titre paru en 1956. La BBC a également diffusé un téléfilm en 1954. Mais le film le plus marquant demeure Brazil de Terry Gilliam, avec Jonathan Pryce dans le rôle du bureaucrate Sam Lowry.

La pièce de théâtre

Écrivain, homme de théâtre, Guillaume Corbeil a traduit 1984 pour le Théâtre du Trident, à Québec. La pièce sera reprise cet automne au Théâtre Denise-Pelletier. «J'avais lu ce texte à l'adolescence, à un âge où on se dit: "Oui, ils nous contrôlent tous" (rires), explique-t-il. La métaphore politique, l'idée que le discours de la protestation et celui du pouvoir finissent par se rejoindre, je l'ai vue plus tard. La grande difficulté, c'était de traduire la novlangue tout en ne trichant pas avec les gens qui ont lu le livre. Je me suis inspiré des commandes d'un ordinateur et de tout ce vocabulaire technique.»

La musique

«This is what you'll get when you mess with us», chante Radiohead dans Karma Police, sur l'album OK Computer, un immense succès paru en 1997 et inspiré par le roman de George Orwell. Cette évocation de la police de la pensée d'Orwell n'est pas la seule trace musicale du roman. De Spies de Coldplay à California Über Alles des Dead Kennedys, en passant par 1977 de The Clash ainsi que plusieurs chansons de l'album Diamond Dogs de David Bowie qui rêvait d'en faire une comédie musicale (la veuve de George Orwell lui a refusé les droits), 1984 a inspiré plusieurs compositeurs.