C'est le roman La femme qui fuit d'Anaïs Barbeau-Lavalette qui est récompensé par le Prix des libraires 2016. La remise du prix a eu lieu lundi soir au Lion d'or à Montréal.

La Presse a pu s'entretenir avec l'auteure il y a quelques jours à propos de cette récompense qui l'a surprise, mais qui lui donne aussi confiance. 

« Le prix est comme un gros french kiss littéraire, dit-elle. Ça me donne un souffle nouveau dans mes nouvelles ailes. La femme qui fuit ne ressemble à rien ce que j'ai écrit ou mis en images avant. C'est un muscle créatif complètement différent. C'est comme si je pouvais me faire davantage confiance comme artiste. »

Publié à la fin de l'été dernier chez Marchand de feuilles, La femme qui fuit a connu un réel engouement auprès du public. 

« On est rendus à 15 000 ou 20 000 exemplaires vendus. J'ai reçu des pelletées de mots. Quelque chose s'est passé avec ce livre. Les gens ont soif d'histoire, d'entendre parler de leur histoire, même si ce n'est pas un livre d'histoire proprement dit. »

Dans La femme qui fuit, Anaïs Barbeau-Lavalette invente, à partir de longues recherches, la vie de sa grand-mère Suzanne Meloche, femme de Marcel Barbeau qui, à l'époque de Refus global, a laissé mari et enfants afin de vivre de son art.

« Je me fais apostropher deux ou trois par jour par des gens qui l'ont lu et qui m'en parlent. Ça touche quelque chose de profond. C'est beau. »

Ce succès l'amènera-t-elle vers d'autres romans ?

« Écrire c'est libérateur. Même sans le prix j'aurais continué. Mais là, il y a des gens qui me demandent d'y retourner. Disons que ça me donne la permission d'aller ailleurs. Mais je me sens invitée dans le monde littéraire. Je suis cinéaste. C'est ma langue, mon monde. Je suis une voyageuse, je ne connais pas les codes de cet univers-là. Ça me plaît comme ça. Je n'ai pas nécessairement envie que cela devienne mon métier. J'aime garder une espèce de fraîcheur face à ça. » 

Le prix remis à Anaïs Barbeau-Lavalette est doté d'une bourse de 10 000 $ - la somme a été doublée cette année par le Conseil des arts et des lettres du Québec. 

Les autres romans finalistes du Prix des libraires 2016 étaient : Blanc dehors (Martine Delvaux, Héliotrope), L'année la plus longue (Daniel Grenier, Le Quartanier), À la recherche de New Babylon (Dominique Scali, La Peuplade) et Nord Alice (Marc Séguin, Leméac). 

Par ailleurs, les libraires ont aussi remis lundi leur prix dans la catégorie roman hors Québec. C'est L'amie prodigieuse, premier tome de la tétralogie napolitaine de la mystérieuse Elena Ferrante qui a récolté les honneurs. Comme l'auteure italienne cache soigneusement son identité, son prix - une oeuvre de l'artiste Louis-Georges L'Écuyer - sera envoyé à son éditrice italienne.

Pour sa part, le lauréat du Prix des libraires 2016 en poésie sera connu le 30 mai lors du Festival de la poésie de Montréal.