L'écrivain français Édouard Louis, révélé en 2014 par En finir avec Eddy Bellegueule, a été assigné en justice par un homme qu'il accuse de viol dans son dernier livre, pour atteinte à la présomption d'innocence et à la vie privée.

L'audience vendredi devant un tribunal parisien a pris un tour absurde en raison d'une confusion sur l'identité du violeur présumé, désigné sous le prénom de «Reda» dans Histoire de la violence, paru en janvier aux Éditions du Seuil.

«La première question que je mets dans les débats c'est: qui est le demandeur? Qui est votre client?», a demandé le juge aux deux avocats de celui qui poursuit Édouard Louis en justice.

Le magistrat a souligné que c'est un «Reda» alias «Reza», de nationalité marocaine, qui est détenu dans le cadre de l'enquête sur le viol d'Édouard Louis, raconté dans son livre.

Mais c'est un homme portant un autre nom, un «Monsieur R. B.», de nationalité algérienne, qui attaque Édouard Louis pour atteinte à la présomption d'innocence et à la vie privée, a-t-il souligné.

Le juge a estimé que cette confusion posait la question de la recevabilité de la démarche de «Reda», arrêté en janvier, qui demande notamment l'inclusion d'un encart dans les exemplaires du roman déjà publiés, ainsi que 50 000 euros (73 000 $).

Les avocats d'Édouard Louis et ceux de son éditeur, le Seuil, se sont engouffrés dans la brèche. «Dans le dossier pénal et dans le dossier civil, vous avez cinq identités différentes», a souligné Me Emmanuel Pierrat, qui défend Édouard Louis.

«Est-ce qu'on peut rendre identifiable par un livre un homme dont même les avocats ne connaissent pas la véritable identité?», a-t-il ironisé. «Reda» estime que l'ouvrage d'Édouard Louis, vendu à 80 000 exemplaires, permet de le reconnaître en livrant des détails sur son physique, sa famille et son mode de vie.

Les avocats de «Reda» ont assuré que «R. B.» était la vraie identité de leur client et qu'il l'avait désormais communiquée à la justice.

Cette thématique d'une identité changeante n'est pas étrangère à Édouard Louis.

Le jeune écrivain de 23 ans a été révélé en 2014 par En finir avec Eddy Bellegueule, vendu à 300 000 exemplaires, qui relatait sa rupture avec son milieu d'origine, une famille pauvre du Nord de la France. Depuis, il a fait changer son nom de naissance, «Eddy Bellegueule», en «Édouard Louis».