Elena Ferrante a publié sept livres sur une période d'un peu plus de 20 ans. Le mystère entourant son identité a fait d'elle une écrivaine culte. Alors que le deuxième titre de sa tétralogie napolitaine arrive sur nos tablettes, c'est l'occasion de se pencher sur ce personnage intrigant de la littérature italienne.

On ne connaît pas sa véritable identité

Lorsqu'elle est entrée en contact avec son éditeur sous le pseudonyme d'Elena Ferrante, l'écrivaine a mis les choses au clair: elle n'accorderait jamais d'entrevues aux médias et ne jouerait pas le jeu de la promotion. En d'autres mots, son «personnage» d'auteure ne prendrait pas le pas sur son travail d'écrivaine. «Je crois que les livres, une fois écrits, n'ont plus besoin de leur auteur, écrivait-elle en 1991. Je vous épargnerai donc ma présence. Et si mon livre vaut quelque chose, ce sera suffisant.»

Jusqu'ici, elle a tenu parole, accordant seulement quelques entrevues ici et là, toujours par écrit. 

Dans plusieurs articles publiés à son sujet, on a laissé entendre qu'Elena Ferrante était en fait l'écrivain Domenico Starnone, originaire de Naples, ou sa conjointe. Ils ont nié cette information à plusieurs reprises.

C'est probablement une femme

C'est ce que tout le monde se dit en lisant un de ses sept romans (ils ont tous été traduits en anglais par Ann Goldstein, éditrice au New Yorker, et cinq l'ont été en français). Dans la série napolitaine, sans doute la portion la plus connue de son oeuvre, Elena Ferrante raconte l'amitié de Lina et Elena sur une période de 50 ans. Elle y aborde des thèmes comme la place des femmes dans la société, leurs revendications politiques, leur émancipation, leurs relations avec les hommes, la maternité. Sa plume plonge au coeur de l'émotion et de l'intimité féminines, ce qui fait dire à bon nombre de lecteurs qu'aucun homme ne saurait décrire la réalité des femmes avec autant de justesse.

Elle est originaire de Naples

Selon des informations qui circulent à son sujet, Elena Ferrante est napolitaine, aurait eu des enfants et aurait vécu (et vit peut-être encore) en Grèce. Chose certaine, elle ne cache pas ses origines et a parlé de Naples à de nombreuses reprises en entrevue. Au-delà de l'exploration de la psyché féminine, son oeuvre est aussi un formidable portrait de l'histoire sociopolitique de l'Italie durant la seconde moitié du XXe siècle. La pauvreté, la criminalité, la lutte des classes sociales et le féminisme sont autant de thèmes abordés dans ses romans. Le succès des romans d'Elena Ferrante aura-t-il le même effet sur Naples que celui du film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain sur le quartier Montmartre? Dans plusieurs textes publiés la semaine dernière dans la presse britannique, on raconte que le nombre de touristes a substantiellement augmenté à Naples, qui serait «envahie» par les fans de l'écrivaine. Certaines pizzerias napolitaines proposent même des pizzas Ferrante. Le New York Times propose pour sa part un parcours Elena Ferrante dans les rues de la ville italienne.

Son oeuvre est connue internationalement

Publiée dans 39 pays, l'oeuvre d'Elena Ferrante connaît un succès retentissant depuis quelques années. The Story of the Lost Child, le premier de la tétralogie napolitaine, figurait au nombre des 10 livres marquants en 2015 selon le New York Times. Il a également été en nomination pour le prix Strega, l'équivalent italien du Goncourt. Elena Ferrante intéresse également les producteurs de cinéma et de télévision. Deux de ses romans ont été portés au grand écran: Nasty Love de Mario Martone est basé sur le roman Troubling Love et The Days of Abandonment de Roberto Faenza est tiré du roman du même nom. Quant à l'histoire d'Elena et Lina, elle sera portée au petit écran. C'est la société Wildeside qui a acheté les droits et qui coproduira une minisérie en 32 parties basée sur la saga napolitaine. On dit qu'Elena Ferrante sera impliquée dans le processus.

Elle a des fans passionnés

Pour saisir l'ampleur du phénomène, il suffit d'aller sur Twitter consulter le mot-clic #FerranteFever. C'est là que les nombreux fans de l'écrivaine se perdent en conjectures sur son identité, échangent des commentaires sur l'un ou l'autre de ses romans et relaient des nouvelles la concernant. Son style, qualifié d'«authentique», fascine ses centaines de milliers de lecteurs.

«Ma mère aimait l'expression "frantumaglia", qui pourrait se traduire par "fragments d'origine incertaine qui crépitent dans votre tête"», a déjà expliqué Elena Ferrante en entrevue. La Frantumaglia, c'est aussi le titre d'un recueil de lettres et d'entrevues accordées par Ferrante au fil des ans. Paru en 2003 en italien, Frantumagli: Bits and Pieces of Uncertain Origins doit paraître en anglais en novembre prochain.