L'écrivain algérien Kamel Daoud, accusé d'islamophobie par des universitaires, a confirmé mercredi sa décision d'arrêter le journalisme «pour rêver de littérature», dans sa chronique au Quotidien d'Oran où il exerce depuis plus de vingt ans.

«Cette décision, prévue pour fin mars, a été précipitée par «l'affaire Cologne». J'ai alors écrit que je quittais le journalisme sous peu», écrit le journaliste dans cette chronique intitulées «Mes petites guerres de libération».

«J'ai envie de me reposer du journalisme pour rêver de littérature», poursuit l'auteur du livre Meursault contre-enquête.

Dans une tribune parue dans Le Monde du 12 février, un collectif d'historiens, sociologues, philosophes et anthropologues réagissait à deux textes de Daoud concernant les agressions sexuelles commises pendant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, dont certains des auteurs seraient des migrants.

Kamel Daoud affirmait notamment que «le sexe est la plus grande misère dans le monde d'Allah» et que «la femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée».

Le collectif d'historiens et de sociologues lui avait reproché de véhiculer des «clichés orientalistes éculés» en réduisant les musulmans à une entité homogène.

«Ce que j'ai écrit sur nos liens malades avec le désir, le corps de la femme je le maintiens et le défends. Ce que je pense de nos monstruosités culturelles, c'est ce que je vis par le coeur et par le corps depuis toujours. Je suis Algérien. Je vis en Algérie et je n'accepte pas que l'on pense à ma place, en mon nom. Ni au nom d'un Dieu, ni au nom d'une capitale, ni au nom d'un Ancêtre», insiste-t-il.

Revenant sur sa décision de renoncer au journalisme et des réactions qu'elle a suscitées il parle d'un «malentendu».

Selon lui, la raison principale de cette décision est la «fatigue». «J'ai donc décidé depuis quelques mois d'aller me reposer pour essayer de comprendre et retrouver des lectures».

«Certains ont cru à une débandade, d'autres ont jubilé sur ma «faiblesse» devant la critique venue du Paris absolu et cela m'a fait sourire: si pendant des années j'ai soutenu ma liberté face à tous, ce n'est pas devant 19 universitaires que j'allais céder!», estime-t-il.