Le jury de l'Interallié a récompensé jeudi le facétieux et «pur produit de l'université française» Laurent Binet pour La septième fonction du langage (Grasset), un livre aux allures de roman policier, à la fois hilarant et extrêmement savant.

Le point de départ du roman n'est rien de moins que l'«assassinat» de Roland Barthes, dont on fête ce jeudi le 100e anniversaire de la naissance.

Évidemment, il s'agit d'une pure fiction. «Je n'ai pas tué Barthes. Il est vraiment mort dans un accident», renversé par une camionnette à Paris, le 25 février 1980, se justifiait récemment Laurent Binet, tout sourire, lors d'un entretien avec un journaliste de l'AFP.

Si Barthes a été assassiné, c'est qu'il était en possession d'un document explosif, l'ultime découverte du linguiste russo-américain Roman Jakobson: la fameuse septième fonction du langage. Cette mythique septième fonction (Jakobson en a défini réellement six) permettrait «de convaincre n'importe qui de faire n'importe quoi, n'importe quand».

On comprend que cette «septième fonction» soit convoitée par toute la classe politique (le roman se situe pendant la campagne de l'élection présidentielle de 1981) et des puissances étrangères. Comme dans un thriller, il y a des courses-poursuites, des agents du KGB, de mystérieux Japonais.

Laurent Binet, 43 ans, agrégé de lettres et ancien prof de ZEP, met en scène, et pas toujours à leur avantage, tous les membres du gratin de la «French Theory», développés par les sémiologues des années 70 à 80. On croise Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Hélène Cixous, Julia Kristeva, Bernard-Henri Levy (en chemise noire!) ou encore Philippe Sollers.

La septième fonction du langage avait déjà été récompensé du Prix du roman Fnac début septembre.