Nicolas Dickner recevra cette année le prix du Gouverneur général (GG) dans la catégorie Romans et nouvelles pour Six degrés de liberté, son troisième roman. Un prix qui arrive dix ans après le grand succès de Nikolski, son tout premier, et qui coïncide avec le 10e anniversaire de son éditeur, Alto. La maison d'édition de Québec a d'ailleurs de quoi fêter cet automne avec son premier GG en fiction, elle qui a déjà été récompensée deux fois pour des traductions.

«Ça me touche, car, il y a 10 ans, je m'étais retrouvé sur la liste des finalistes du GG pour Nikolski, nous dit Nicolas Dickner au téléphone. C'est même un retour du balancier qui a l'air arrangé avec le gars des vues! Mais c'est significatif pour moi, surtout que c'est le prix que j'avais été le plus triste de ne pas avoir.»

Depuis que Louis Hamelin a été propulsé par le prix du GG en 1989 pour son premier roman, La rage, Nicolas Dickner a toujours considéré qu'il s'agissait d'une récompense majeure jouissant d'un grand prestige sur la scène littéraire du Canada. «C'est un prix qui fait autorité parce que c'est une institution, et parce que le jury est composé de pairs qui ont lu presque toute la production de l'année.»

«Ça donne une responsabilité aussi. Après un prix du GG, on n'a pas d'autre choix que de prendre notre carrière d'auteur au sérieux. Pour moi, ça veut dire: arrête de te plaindre et écris des romans!»

Bonne nouvelle

Le romancier constate que chaque fois qu'il a eu des moments de découragement dans sa carrière, il y a toujours eu une bonne nouvelle pour lui faire reprendre pied.

L'auteur de 43 ans se dit donc heureux de la vie de son livre depuis sa sortie en mars dernier; l'ouvrage en est d'ailleurs à son quatrième tirage cette semaine. Six degrés de liberté, un roman passionnant et réglé au quart de tour, parle de transport maritime et de mondialisation d'une façon tout à fait étonnante.

«Beaucoup de gens m'ont dit qu'ils ne voyaient plus les conteneurs de la même manière. Avec ce livre, j'ai voulu parler du quotidien, de ce qui paraît banal, comme le magasinage du dimanche, et restituer ça sur un échiquier mondial. En même temps, ce n'est pas un essai. C'est un livre qui utilise aussi les techniques du roman policier pour raconter une histoire qui touche les gens de manière particulière.»

La «fondation domestique» Dickner

Le prix du Gouverneur général est assorti d'une importante bourse de 25 000 $. Comment compte-t-il l'utiliser? «Pas en faisant des folies, en tout cas. Chaque fois que j'ai reçu une bourse, je l'ai toujours étirée. Si elle était pour un an, je l'utilisais sur deux ans. Je fonctionne comme ça depuis 10 ans: je ne pars pas en voyage au Japon, je ne m'achète pas de lunettes chics...»

Devenir écrivain exige du temps, ajoute Nicolas Dickner. Pour être davantage qu'un «écrivain du dimanche», il n'y a pas de secret: il faut beaucoup s'exercer.

«Et on peut réussir ça seulement en étant budgétairement plate. Je peux vous assurer que cette bourse servira essentiellement à la fondation domestique du romancier.»

Les autres lauréats de langue française

Poésie

Le mal du pays est un art oublié de Joël Pourbaix, Éditions du Noroît

Théâtre

Pour réussir un poulet de Fabien Cloutier, L'instant scène et Dramaturges éditeurs

Essai

Honoré Beaugrand - La plume et l'épée (1848-1906), de Jean-Philippe Warren, Boréal

Littérature jeunesse (texte)

Marie Réparatrice de Louis-Philippe Hébert, Éditions de la Grenouillère

Littérature jeunesse (livres illustrés)

Le voleur de sandwichs de Patrick Doyon et André Marois, La Pastèque

Traduction

Lori Saint-Martin et Paul Gagné pour Solomon Gursky de Mordecai Richler, Boréal