Normalement victimes de leur succès, les matinées scolaires du Salon du livre de Montréal risquent d'atteindre un creux historique en termes de fréquentation cette année.

À moins d'un mois de l'ouverture du Salon, qui se déroulera du 18 au 23 novembre à la Place Bonaventure, près de 4000 places sont toujours libres pour les écoles qui désirent s'y rendre avec leurs élèves. Selon ce qu'on nous explique, le contexte des négociations dans le secteur public nuirait ainsi à l'événement littéraire.

«Nous sommes très vigilants et nous regardons les choses évoluer. Nous espérons franchement que ce soit réglé d'ici le début du Salon», a affirmé Francine Bois, directrice générale du Salon du livre de Montréal depuis près de 25 ans.

Chaque année, l'organisation du Salon du livre de Montréal organise un tirage pour distribuer 18 000 entrées gratuites aux professeurs de la grande région métropolitaine qui désirent visiter le Salon dans le cadre d'une matinée scolaire. Chaque école pigée peut normalement envoyer 200 enfants, afin d'offrir des places au plus grand nombre d'écoles.

Or, voilà que pour la deuxième année de suite, on ne se bouscule pas aux portillons. L'an dernier, le milieu littéraire avait attribué cette baisse de l'achalandage aux restrictions budgétaires imposées aux commissions scolaires. Le Salon du livre de Montréal avait finalement réussi à combler ses matinées scolaires sans effectuer de tirage.

Cette année, ceux qui ont réservé une place pourraient aussi choisir de s'y absenter à la dernière minute, prévoit l'organisation du Salon. Tout dépend du déroulement des négociations du secteur public, explique-t-on.

Catherine Renaud, présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal, le syndicat qui représente notamment les enseignants des écoles de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), affirme que ses membres n'ont reçu aucune directive de «boycotter» l'événement ou toute autre activité pédagogique.

«Le seul moyen de pression qui pourrait affecter le Salon du livre est que nous demandons aux directions d'école de respecter nos conventions collectives. Si l'activité implique un dépassement du temps de travail prévu, les heures supplémentaires doivent être payées, tout comme l'heure de lunch sans enfants pendant l'activité», a-t-elle expliqué.

Une situation plus problématique au Saguenay

Au royaume des bleuets, lors de la 51e édition du Salon du livre régional à Jonquière, la situation a été encore plus catastrophique.

L'organisation accueille habituellement 5200 enfants dans ses blocs réservés aux élèves, les jours de semaine. En juin, à la fin du processus d'enregistrement, seulement 3700 places avaient été réservées.

«Puis, au début de septembre, à la rentrée des classes, on a commencé à recevoir des annulations. Finalement, on s'est retrouvés avec 760 élèves seulement, principalement issus d'écoles privées», a expliqué Sylvie Marcoux, directrice générale du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui se tient au début d'octobre.

Pour l'instant, l'organisation de l'événement à Mont réal évalue divers scénarios au cas où la demande fléchirait aussi de son côté.