Ils marquent discrètement la rentrée: les éditions 2016 des dictionnaires! Et, du même coup, les nouveaux mots et noms propres reconnus par ces ouvrages de référence. Ainsi, le «nouveau» Petit Robert de la langue française admet-il désormais les mots cybersexe, microfinance, potelet, ghettoïser et... le québécisme cossin! Tout vient à point à qui sait attendre les dicos nouveaux. Coup d'oeil sur les crus 2016 offerts en éditions papier et numérique pour le même prix.

Le Petit Robert de la langue française 2016

Quelques nouveaux venus: déjeunatoire, adulescent, captcha, bitcoin, écoblanchiment, dézipper... Quelques québécismes: baver («baver quelqu'un»), chamaillage, cossin, égoportrait, jongler (réfléchir), peser (appuyer), pitonner...

Impossible de nommer tous les plats (dont ceux de la gastronomie indienne, pourtant multimillénaire!) qui figurent pour la première fois dans Le Petit Robert: «C'est que, pendant longtemps, on mangeait lyonnais à Lyon et provençal en Provence», dit en riant Édouard Trouillez, lexicographe et porte-parole des éditions Le Robert.

«Mais depuis 20 ans, nous vivons dans une époque multiculturelle, et la gastronomie se trouve de ce fait riche en vocabulaire nouveau. En informatique, reprend-il, bien des gens se plaignent de l'invasion d'anglicismes, mais c'est oublier que ce domaine réactive pourtant des mots bien français: page, forum, tablette existaient tous et prennent un nouveau sens. Et des néologismes comme égoportrait - je tiens à souligner l'apport beaucoup plus créatif du Québec en la matière - sont à la fois justes et bien formés.»

Le Petit Robert des noms propres 2016

Quelques nouveaux venus: l'écrivaine Donna Tartt, le cinéaste Danny Boyle, les dessinateurs Cabu et Charb (de Charlie Hebdo), l'organisation État islamique... Les nouveaux venus québécois: Thérèse Casgrain, Philippe Couillard, Craig Davidson, Xavier Dolan, Justin Trudeau.

«Nous ajoutons quelque 150 noms propres chaque année, explique Édouard Trouillez, et nous réussissons, grâce aux logiciels de mise en page, à n'en éliminer aucun des 40 000 déjà entrés! Ce dictionnaire permet une mise en perspective: l'an dernier, Xavier Dolan ne figurait que dans Le Robert illustré, qui est plus axé sur l'actualité, mais cette année, il entre dans Le Petit Robert des noms propres, qui rend compte du patrimoine mondial.»

Valeur bimédia: avec la clé USB intégrée au dictionnaire ou l'adresse du site, on accède aux versions numériques du Petit Robert de la langue française et du Petit Robert des noms propres.

Le Robert illustré

Né en 2009, ce populaire nouveau venu dans la famille a modernisé l'image du Robert. Les noms propres et noms communs y sont classés ensemble et on y trouve des mots et noms qui ont cours dans l'actualité, mais dont on ne sait s'ils passeront l'épreuve du temps: l'actrice Nicole Kidman ou la journaliste Lise Bissonnette, par exemple.

«Notre approche pour le visuel est aussi très différente, explique Édouard Trouillez. Par exemple, dans la version classique des dictionnaires, on présente une planche photos pour les oiseaux, une pour les mammifères, etc. Dans Le Robert illustré, on propose plutôt une planche par type d'écosystème. Et au lieu des habituelles photos de personnalités de type timbre-poste, on a opté pour des photos où on voit les gens en action.»

Valeur bimédia: sur inscription au site, accès à la version en ligne du dico et à des compléments encyclopédiques internet, dont 150 vidéos historiques et patrimoniales, pendant quatre ans.

Le Robert junior illustré

Son nom complet, depuis 2014, est Le Robert junior illustré nord-américain, car il a (enfin) bénéficié d'une cure de jeunesse complète et le ministère de l'Éducation du Québec a donc pu l'approuver. «C'est un des premiers dossiers dont on m'a chargé chez Robert, explique Édouard Trouillez. Le junior illustré d'ici n'avait connu aucune refonte depuis 10 ans! Nous l'avons donc revu de fond en comble, en tenant compte des exigences du Ministère: dans la version nord-américaine, les 20 000 mots sont classés en ordre alphabétique strict (en Europe, ils le sont par familles de mots). Et tout y a été pensé en fonction des enfants francophones d'Amérique du Nord âgés de 8 à 11 ans: en Europe, le mot "feuille" est expliqué avec l'exemple "Le chêne perd ses feuilles" et, dans la version nord-américaine, par "L'érable perd ses feuilles"!»

Le dico comprend aussi un dossier Histoire des arts et un atlas mondial, ainsi que 2500 photos et dessins... et des expressions bien de chez nous, comme «On n'est pas sorti du bois»!