Chenjerai Hove, l'un des romanciers zimbabwéens les plus connus et les plus traduits est mort en exil en Norvège à l'âge de 59 ans des suites d'un problème rénal, a-t-on appris lundi à Harare auprès de son collègue et ami poète Chirikure Chirikure.

«Chenjerai est mort hier après-midi, c'est très triste», a indiqué à l'AFP M. Chirikure.

Auteur de quatre romans, plusieurs recueils de poèmes et d'essais, Hove était un écrivain engagé, journaliste et militant des droits de l'homme qui n'a jamais cessé de son vivant de critiquer le président Robert Mugabe malgré les risques.

Acclamé pour son roman Bones, paru en 1988 et récompensé par le prix japonais Noma pour la littérature africaine l'année suivante, Hove avait coutume de surnommer le chef de l'État «le président violent».

À l'aise en anglais comme en shona, sa langue maternelle proche du swahili, Hove a été traduit en maintes langues (français, allemand, japonais, néerlandais, norvégien et danois).

Bones, traduit en français chez Actes Sud sous le titre Ossuaire, est une peinture du dépérissement des Zimbabwéens juste après l'indépendance et la fin du régime de la minorité blanche en 1980, un livre dur mais profond.

Fondateur de l'une des associations de défense des droits de l'homme les plus actives au Zimbabwe, Zimbabwe Human Right Association, Hove publiait régulièrement des articles contre la corruption et l'oppression du régime.

Au point de craindre pour sa vie et de fuir à l'étranger avec l'aide du parlement international des écrivains en 2001, s'installant brièvement en France puis en Norvège, en résidence au centre culturel de Stavanger.

«J'ai le souvenir d'un homme d'une grande douceur, d'un homme blessé», se souvient Bernard Magnier, le directeur de collection qui a publié ses trois romans chez Actes Sud et l'a rencontré plusieurs fois, à la fois du temps où l'on pouvait croiser Hove chantant à la guitare dans les tavernes du Harare populaire, puis à Rambouillet, triste et tourmenté par le mal du pays.

«Il avait dû quitter précipitamment le pays parce qu'il était poursuivi. Chez lui, il avait à faire à des voleurs qui prenaient des disquettes, sans prendre l'ordinateur ce qui est assez rare et voulait dire qu'on le surveillait et qu'on voulait voir ce qu'il faisait et ce qu'il écrivait», ajoute M. Magnier.

«C'était un grand auteur. Ces livres Ossuaire, Ancêtres et Ombres disaient très bien et de façon extrêmement écrite le désespoir de ses compatriotes. Sa langue d'écriture était très métissée entre l'anglais et le shona, et en même temps très maîtrisée».

En 2001, il a reçu le German-Africa Prize, pour sa contribution littéraire à la liberté d'expression.

«Il a été sauvé (en partant en exil) mais peut-être a-t-il aussi été perdu pour l'écriture de ce fait», a regretté M. Magnier.

Né à Mazvihwa près Zvishavane dans ce qui s'appelait alors la Rhodésie, Hove a été formé chez les frères maristes avant d'étudier en Afrique du Sud et au Zimbabwe.