Ils sont trois. Trois auteurs et amis dans la vie, qui ont fait leurs classes en journalisme. André Ducharme, Michelle Labrèche-Larouche et Jean-Yves Girard ont rencontré 20 personnalités pour leur demander leurs certitudes et leurs doutes quant au sens de la vie. Grave question.

Ils sont trois. Trois auteurs et amis dans la vie, qui ont fait leurs classes en journalisme. André Ducharme, Michelle Labrèche-Larouche et Jean-Yves Girard ont rencontré 20 personnalités pour leur demander leurs certitudes et leurs doutes quant au sens de la vie. Grave question.

Des écrivains et des humoristes comme Michel Tremblay, Kim Thúy, André Sauvé, des scientifiques comme le docteur Léo Lasalle, des comédiens comme Marc Labrèche et Anne Dorval, des gens d'affaires comme Danièle Henkel, des philosophes, dont Jean Grondin, ou encore notre Infoman Jean-René Dufort nous expliquent comment ils mènent leur vie et les réponses qu'ils ont trouvées à leurs interrogations.

C'est Jean-Yves Girard qui a eu cette idée: solliciter des personnes aimées du public après avoir lu Les conversations spirituelles, de Bertrand Révillion. «Ce sont des livres très intéressants, avec beaucoup d'intellectuels. Nous, nous voulions quelque chose de moins pointu, mais avec des gens connus, c'est plus attirant», souligne-t-il.

Jean-Yves Girard, André Ducharme et Michelle Labrèche-Larouche (mère et grand-mère de Marc et de Léane) ont tous les trois interviewé pas mal de monde au cours de leur carrière, pour Châtelaine, L'actualité ou encore pour le magazine culturel Montréal ce mois-ci.

Ils ont frappé à la porte de ces personnalités aimées du public, évoluant dans différents domaines, en leur donnant la parole sur un sujet aride. «Mais on ne voulait pas faire de psycho-pop non plus. Et on savait que le terme "spirituel" pouvait faire peur.»

Résultat: une série de portraits en liberté, où chaque invité entre dans l'intime. Mais dès lors qu'il est question de «sens», difficile de ne pas dévoiler des épreuves qu'il a fallu surmonter.

Et c'est en cela que certaines entrevues sont plus percutantes que d'autres: celles où les invités se livrent vraiment ou apportent une pensée originale sur un sujet si délicat.

Kim Thúy, interviewée par Jean-Yves Girard, impressionne avec son acceptation de la mort, Luc Provost (Mado Lamotte) est frappant de sincérité, Lise Ravary nous fait des confidences terribles sur la drogue, Danièle Henkel émeut avec à son immense tendresse pour sa mère, et l'abbé Raymond Gravel, lucide face à sa mort prochaine, nous donne une leçon de vie: «La foi c'est une espérance. Espérer c'est croire que demain sera mieux qu'aujourd'hui.»

À propos de la vie : le sens de la vie selon 20 personnalités

André Ducharme, Jean-Yves Girard et Michelle Labrèche-Larouche

Les Éditions La Presse, 250 pages, 26,95$

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Extraits

Kim Thúy

«Mourir c'est le bout facile. Un soulagement. J'adore la vie, elle est tellement belle, mais j'ai assez reçu. Si je laissais ma place, quelqu'un d'autre pourrait recevoir la chance que j'ai. J'ai préparé ma famille à ma mort. Je ne leur dis pas: "Un jour, je vais mourir." Je leur dis: "Demain, je peux mourir".»

Luc Provost (Mado Lamotte)

«J'ai vu des gens mourir autour de moi, et curieusement, la peine de leur disparition ne m'a pas submergé. C'est sans doute parce que j'ai intégré depuis longtemps l'idée de la fin. J'espère que j'éclaterai en sanglots à la mort de mes parents, sinon je passerai pour un vrai sans-coeur. Quand ma chatte de 16 ans est morte, je n'ai pas pleuré. Pourtant, Shirley, c'était ma fille, ma blonde, ma vie.»

Lise Ravary

«On m'a sauvé la vie deux fois. Ce ne furent pas des appels à l'aide, simplement des gens qui se sont trouvés là au bon moment, une sorte d'anges. Environ six mois avant d'entrer en clinique de désintoxication pour la deuxième fois, j'ai fait la rencontre de celui qui allait devenir mon second mari. Il est passé à travers tout le processus; il fait donc partie de ceux qui m'ont sauvée.»

L'abbé Raymond Gravel

«La foi n'est pas l'absence de doute, c'est une espérance. Espérer, c'est croire que demain sera mieux qu'aujourd'hui. Mais on n'a aucune certitude. J'ai espéré qu'au mois d'octobre, ça irait mieux qu'en septembre; qu'en novembre, ce serait mieux qu'en octobre. J'ai été déçu, parce qu'en décembre, j'ai été plus malade qu'en octobre; mon espérance a été déçue. Mais j'ai quand même continué à avoir de l'espérance.»