Catherine Girard-Audet, c'est un véritable phénomène d'édition qui passe sous le radar même si elle a vendu des centaines de milliers d'exemplaires de ses livres de la série La vie compliquée de Léa Olivier, ici et en Europe. Son lecteur moyen a beau être une jeune fille de 12 ans, on ne peut ignorer ni son immense succès ni son influence sur les lectrices de demain. Portrait en chiffres et en mots d'une des auteures les plus lues du Québec.

260 000

Nombre d'exemplaires vendus au Québec des six tomes de la série La vie compliquée de Léa Olivier depuis la sortie du premier en janvier 2012 et dont le sixième a été publié au printemps 2014. «Ce qui est extraordinaire, c'est qu'on accroche de nouvelles lectrices à chaque tome, parce que le premier se vend encore bien», dit Catherine Girard-Audet, qui attribue son succès à un bouche-à-oreille positif et à la fidélité de ses lectrices.

Léa Olivier

L'héroïne de Catherine Girard-Audet est une ado ordinaire qui traverse son secondaire comme... une ado ordinaire. Écrits sous forme d'échanges de textos et de courriels, les romans suivent les relations de Léa, qui a quitté la campagne pour venir s'installer en ville, avec ses anciennes et nouvelles amies, copains, parents, profs, amoureux. «Léa n'est pas parfaite et les lectrices s'identifient à elle et à son insécurité. Elle sert d'inspiration aussi, parce qu'au fur et à mesure qu'elle vieillit, elle prend un peu d'assurance.»

220 000

La série Léa Olivier connaît un immense succès en Belgique et en France, où elle a atteint les 220 000 exemplaires vendus en un peu moins de deux ans. «Ça, c'est grâce au travail de mon éditeur belge, Kennes édition, car, même s'il y a plus de monde là-bas, il y a aussi plus de produits sur le marché», estime Catherine Girard-Audet. L'auteure aime bien l'idée qu'un peu de la culture du Québec et de son vocabulaire - la série n'a pas été «traduite» et est publiée avec un glossaire à la fin - entre ainsi dans l'imaginaire des petites Belges et Françaises. «C'était un pari pour tout le monde, et personne ne s'attendait à ce succès. Ç'a été un boum assez rapide.»

33 ans

C'est l'âge de Catherine Girard-Audet, qui a écrit son premier livre à 25 ans et qui en a publié une cinquantaine depuis ses débuts. Fille de l'ancien ministre des Finances libéral Michel Audet et titulaire d'un bac en littérature, elle a pour éditeur son frère Marc-André, fondateur de la maison d'édition Les Malins. Enceinte de près de huit mois, Catherine prévoit terminer l'écriture de deux nouveaux tomes de Léa Olivier avant son accouchement prévu pour le début de février. Les tomes 7 et 8 sortiront en 2015. «Comme ça, mes fans ne seront pas pénalisées par mon congé de maternité.»

L'ABC des filles

Parmi les nombreux projets de Catherine Girard-Audet, il y a l'ABC des filles, guide pratique pour jeunes filles qui en est à sa 7édition et qui s'est vendu jusqu'ici à 80 000 exemplaires. Catherine Girard-Audet a aussi sorti à l'automne un hors-série intitulé La vie pas si compliquée de Maude M., qui raconte l'histoire de la meilleure ennemie de Léa Olivier. «Il y aura au moins un autre hors-série avec un autre personnage, car ça me permet d'explorer d'autres thèmes.»

Salon du livre de Montréal

Catherine Girard-Audet a été l'une des invités d'honneur au Salon du livre de Montréal cette année. «Je n'étais pas juste flattée, j'étais émue. Ado, j'ai tellement aimé le Salon du livre; c'était ma sortie scolaire préférée de l'année! Alors c'est clair que ç'a été mon plus gros Salon, émotivement, professionnellement et physiquement parlant, surtout que j'étais enceinte et plus limitée que d'habitude. Mais j'étais tellement fière d'être là; c'est une expérience que je vais me rappeler toute ma vie. Rencontrer Michel Tremblay (qui était aussi invité d'honneur), pour moi, c'était comme rencontrer Brad Pitt.»

BD

Perdue, le premier tome de Léa Olivier, vient d'être adapté par deux grosses pointures de la BD, les Belges Alcante et Ludowick Borecki. En moins d'un mois, elle s'est vendue à 12 000 exemplaires ici et 12 000 en Europe. «Et on travaille déjà au deuxième! Ils ont bien compris l'esprit de Léa, ils ont été super respectueux et, en plus, ils sont super gentils.»

Littérature jeunesse

Tout le monde le sait: pour se faire prendre au sérieux dans le monde littéraire, il vaut mieux écrire pour les adultes... des livres sérieux. Catherine Girard-Audet rigole. «Mais ce n'est pas fait pour moi! Et puis mon travail me passionne et les lectrices m'aiment. Je n'ai pas l'intention de céder ma place: j'ai tellement travaillé fort pour y arriver, alors j'essaie de profiter de chaque seconde de ce succès qui n'est pas nécessairement commun au Québec. Et tant que je serai ado dans ma tête, je ne vois pas pourquoi je passerais à autre chose.»

La récompense

Les lectrices de Catherine Girard-Audet ont de 9 à 16 ans, estime-t-elle. Pour l'auteure, le pari était de faire lire à des enfants des romans de 400 pages... sans que ça paraisse. «Cette forme n'est pas juste pour faire moderne: elle va chercher des lectrices qui ont un peu plus de difficulté à lire.» Car même si les petites filles lisent davantage que les garçons, rien n'est jamais gagné et chaque lectrice de plus est une petite victoire pour cette boulimique de livres. «Rien ne me fait plus plaisir que de me faire dire par un parent que sa fille ne lisait jamais avant de découvrir Léa et d'embarquer dedans. Si la série peut leur donner des habitudes de lecture, c'est que j'ai réussi mon pari, peu importe ce qui vient après.»