Seriez-vous prêt à troquer votre bon vieux roman en format papier contre un livre numérique? Pour une majorité de Québécois, révèle un sondage Léger Marketing dévoilé hier, la réponse est toujours non, même si une tendance à la hausse se dessine.

Pour la deuxième fois en deux ans, la Société de gestion de la Banque de titres de langue française (BTLF) a commandé un sondage afin de comprendre les intentions d'achat de livres numériques dans la province. Chose certaine, les Québécois qui disent adieu aux livres imprimés ne sont toujours pas majoritaires.

Au cours des 12 derniers mois, seulement 14 % des répondants ont acheté un livre numérique, comparativement à 11 % en 2012. Quant aux intentions d'achat, 26 % des répondants ont affirmé envisager d'acheter un livre numérique au cours de la prochaine année, une proportion en légère hausse.

Selon René Audet, professeur au département de littérature de l'Université Laval et directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises, le livre numérique ne viendra toutefois pas remplacer l'édition imprimée un jour. Une conclusion que partagent la BTLF et Léger Marketing.

«L'imprimé et le numérique sont complémentaires. Quand le livre de poche a été inventé, plusieurs ont cru qu'il allait cannibaliser les ventes de grands formats. Or, ce n'est pas ce qui est arrivé. Une cohabitation est possible», a expliqué le chercheur à La Presse.

«Le numérique offre d'autres avantages, comme l'intégration de la vidéo, une navigation plus simple d'un chapitre à un autre ou l'ouverture sur le web», a ajouté M. Audet.

Point de bascule

Pour qu'un phénomène de vague se concrétise et qu'une véritable tendance se dessine, il faut qu'un seuil minimal d'environ 25 % de la population adopte un comportement, a expliqué hier en point de presse Mathieu Gagné, vice-président adjoint en communications stratégiques chez Léger Marketing.

«Quand on atteint 25 % de portée, un développement exponentiel suit normalement. Pour le livre numérique, le principal frein est l'instabilité du format», a dit M. Gagné.

Liseuse électronique, tablette ou téléphone intelligent? Toutes ces plateformes sont utilisées par l'édition numérique et les consommateurs, a expliqué à La Presse le professeur René Audet.

«Pour l'instant, le taux de pénétration des liseuses est toutefois faible, comparativement aux téléphones intelligents et aux tablettes. Les liseuses rejoignent une clientèle précise, comme les grands lecteurs, les voyageurs qui aiment traîner beaucoup de livres et ceux qui sont incommodés par les reflets de la lumière sur les tablettes», a-t-il ajouté.

Sur ce plan, le sondage Léger Marketing lui donne raison. Parmi les données publiées hier, la firme dévoile que seulement 13 % des répondants possèdent une liseuse, comparativement à 56 % qui détiennent un téléphone intelligent (en hausse de 15 points de pourcentage depuis 2012) et 50 % qui ont une tablette (une hausse fulgurante de 27 points de pourcentage sur la même période).

Le consommateur type d'un livre numérique

N'a pas le français comme langue maternelle.

Habite à Montréal.

A des revenus de plus de 100 000 $ par année.

Est un professionnel ou un étudiant.

A fait des études universitaires.

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Méthodologie: Le sondage Léger Marketing-BTLF a été réalisé du 13 au 28 octobre dernier sur l'internet auprès d'un échantillon de 2018 Québécois. S'il s'agissait d'un échantillon probabiliste de même taille, la marge d'erreur serait de 1,98 %, 19 fois sur 20.