La ministre française de la Culture, Fleur Pellerin, a créé le buzz en ne parvenant pas à citer un seul titre de roman de l'écrivain français Patrick Modiano, couronné il y a trois semaines par le prix Nobel de littérature.

Interrogée dimanche par une journaliste de la chaîne de télévision Canal + sur le livre de Modiano qu'elle préférait, la ministre a répondu: «Euh, euh...», ne parvenant à citer aucun titre du romancier.

«J'avoue sans aucun problème que je n'ai pas du tout le temps de lire depuis deux ans. (...). Je lis beaucoup de notes, beaucoup de textes de loi, les nouvelles, les dépêches AFP, mais je lis très peu», a-t-elle répondu.

Quelques minutes auparavant, Fleur Pellerin, diplômée de l'École nationale d'administration (ENA) où est formée une grande partie de l'élite politique française, avait indiqué avoir déjeuné avec le nouveau prix Nobel, auteur notamment de La place de l'étoile, de Rue des boutiques obscures et de Dora Bruder, et qualifié par certains critiques de «Proust de notre temps».

Le 9 octobre, la ministre de la Culture avait salué comme «un jour heureux pour la littérature française» l'attribution du prix Nobel. «Il ne manquait que cette ultime consécration à Patrick Modiano qui représente aujourd'hui aux yeux du monde la vitalité et le rayonnement de la littérature française», avait-elle déclaré dans un communiqué.

«C'est triste, j'ai de la peine pour elle... Une ministre de la Culture doit se plonger dans la littérature, ne serait-ce que par devoir politique», a relevé lundi l'écrivain marocain de langue française Tahar Ben Jelloun, membre du jury du prestigieux prix français de littérature Goncourt.

«Ce n'est pas possible qu'elle ne puisse pas citer un seul livre de Modiano. C'est honteux. Je trouve ça lamentable, mais nous vivons une époque où la culture est traitée par dessus la jambe», a poursuivi le romancier.

Bernard Pivot, ex-star du petit écran pour ses émissions littéraires et président de l'Académie Goncourt, a pour sa part estimé qu'il ne fallait pas «pour autant la condamner». Ce n'est pas parce qu'on n'a pas lu Modiano qu'on est inintelligent et inapte à diriger le ministère de la Culture», a-t-il déclaré à l'AFP.

L'ENA est régulièrement accusée par ses détracteurs de former des technocrates coupés des réalités du pays.