Il y a soixante ans paraissait Bonjour tristesse, roman d'une inconnue qui fit scandale en France et devint instantanément un best-seller mondial: «La gloire, je l'ai rencontrée à 18 ans en 188 pages, c'était comme un coup de grisou», dira Françoise Sagan.

Pour célébrer la postérité de ce premier roman de Françoise Sagan, disparue il y a dix ans, les Éditions Julliard publient lundi une version identique à l'édition originale, sobre couverture blanche et liseré vert.

En 1954, Françoise Sagan est une jeune fille comme les autres, ou presque. Issue des quartiers chics, la mèche blonde tombant sur les yeux, Françoise sort, s'amuse, dîne chez Lipp, brasserie de l'intelligentsia parisienne. Mais elle écrit aussi.

Le 15 mars 1954, l'éditeur René Julliard publie le livre de cette toute jeune femme à l'étonnante précocité, Françoise Quoirez, dite Sagan. Et tout change. Françoise devient riche et célèbre, noctambule et légendaire, culte et pourchassée. Surnommée le «charmant petit monstre» par l'écrivain François Mauriac, elle devient le symbole d'une génération désinvolte et bourgeoise.

«Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse». Ainsi commence Bonjour tristesse, récit au ton désenchanté des amours d'une jeune fille un rien délurée qui scandalise la bonne société.

Des pièces de théâtre, de nombreux romans ont suivi. Françoise Sagan écrit elle-même en 1998 sa rubrique nécrologique dans Le dictionnaire des auteurs: «Fit son apparition en 1954 avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fit un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une oeuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même».

Née le 21 juin 1935 à Cajarc et morte le 24 septembre 2004 d'une embolie pulmonaire, Françoise Sagan n'est pas seulement un écrivain à succès. Elle est aussi un personnage qui a hanté les nuits parisiennes, l'alcool, le jeu et la vitesse faisant partie intégrante de sa panoplie littéraire.

«Si tout était à recommencer, je recommencerais bien sûr, en évitant quelques broutilles: les accidents de voiture, les séjours à l'hôpital, les chagrins d'amour. Mais je ne renie rien», assurait-elle.